3. Faut-il privilégier certaines matières ?
1. Fibres naturelles, artificielles ou synthétiques ?
Il n'existe pas de matière parfaite car toutes ont des impacts sur l'environnement. Mais il existe des solutions pour les réduire et favoriser des choix plus responsables.
Les matières qui composent nos vêtements peuvent être classées en 3 grandes familles :
• les matières d'origine naturelle : végétales comme le coton ou le lin, ou animales comme la laine,
• les matières d'origine artificielle : transformées chimiquement à partir de matières naturelles, comme le Lyocell et la viscose fabriqués à partir de cellulose de bois,
• les matières d'origine synthétique : fabriquées à base de pétrole comme le polyester ou l'acrylique.
S'il est fréquent de lire que certaines matières sont plus polluantes que d'autres, les études actuelles ne permettent pas de l'affirmer. En effet, pour évaluer l'empreinte écologique d'un vêtement, il est nécessaire d'analyser l'ensemble des impacts environnementaux sur tout son cycle de vie et donc de tenir compte, aussi, de la façon dont on l'utilise.
Par exemple, on peut largement réduire les impacts d'un vêtement si on l'utilise longtemps parce qu'il répond en tout point à nos attentes : un pull bien chaud qui ne bouloche pas, une chemise infroissable et dont la couleur ne change pas, un t-shirt tout doux et qui ne se troue pas, un maillot de bain robuste pour nos longueurs à la piscine, une robe qui tombe bien et qui ne bouge pas après plusieurs lavages.
Tout cela va dépendre des propriétés des fibres utilisées et de la qualité de la teinture qui résisteront plus ou moins bien aux lavages et au temps qui passe.
2. Toutes les matières passées au crible.
Le coton.
Cette fibre naturelle végétale est cultivée principalement en Chine, aux États-Unis, au Brésil et au Pakistan dans des conditions parfois très difficiles pour les travailleurs.
Sa culture nécessite l'usage de terres agricoles (34 millions d'hectares de coton ont été cultivés dans le monde en 2022, selon la FAO), d'eau pour l'irrigation, d'engrais et de pesticides, voire de défoliants pour la récolte. Avant d'être utilisées pour fabriquer des vêtements, les fibres de coton nécessitent un prétraitement par flambage, mercerisage, blanchiment et débouillissage, qui consomment de l'énergie, de l'eau et des produits chimiques.
Le coton est une des fibres les plus utilisées pour fabriquer des vêtements. C'est en effet une matière douce, très agréable à porter et qui retient bien l'humidité. Le coton est très apprécié pour les vêtements près du corps.
Le coton représente plus de 40 % de la composition des vêtements. Source : Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, Refashion, avril 2023.
La laine.
La laine a de nombreux avantages : elle absorbe l'humidité, elle est douce (en particulier la laine mérinos) et elle conserve très bien la chaleur.
Ses impacts environnementaux sont en partie dus à l'élevage, qui participe à l'acidification des sols et des eaux.
• La laine est présente à moins de 5 % dans la composition des vêtements,
• 75 % de la laine dans le monde provient d'Australie.
Source : Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, Refashion, avril 2023.
Et la laine française ?
La laine des moutons français n'est pas totalement exploitée car il n'existe pas de filière complète de valorisation qui soit rémunératrice (collecte par qualité de laine, préparation intégrant le lavage, utilisation pour différentes applications : rembourrage, habillement, feutre, engrais, etc.).
Ainsi, certains éleveurs français ne trouvent pas d'acheteurs pour leurs toisons.
Le collectif Tricolor (collectiftricolor.org), regroupant des éleveurs, des transformateurs et des marques, mène des actions pour développer les filières lainières françaises.
Le lin et le chanvre.
La France est le premier producteur mondial de lin. Cette culture, qui a besoin d'humidité et d'un climat frais, n'est possible que dans certaines régions (Bretagne, Normandie, Hauts-de-France, Belgique et Pays-Bas). Le chanvre, en revanche, peut être cultivé partout en France.
Le lin et le chanvre doivent être cultivés en alternance et ne peuvent être plantés qu'une fois tous les 6 ou 7 ans sur la même parcelle. Leur culture a l'avantage de ne pas demander d'arrosage ni de pesticides.
Après récolte, les plantes sont déposées sur le sol où elles vont se dégrader naturellement (c'est le rouissage). Puis, la paille (60 à 70 % de la plante) est séparée des fibres. Les fibres sont ensuite exportées pour être filées. Un prétraitement (blanchiment) est nécessaire avant de les utiliser pour fabriquer des vêtements.
Les vêtements en lin sont agréables à porter, surtout quand il fait chaud.
Quelques entreprises (marques, filateurs, teilleurs) et des coopératives agricoles françaises cherchent actuellement à développer les textiles en lin et en chanvre ainsi que la valorisation de la paille.
Le lin entre dans la composition de moins de 1 % des vêtements. Source : Textile Exchange.
La viscose et le Lyocell.
Fabriquée à partir de la transformation chimique de la cellulose (un des composants du bois), la viscose est largement utilisée dans les chemises et les draps car elle a un faible coût de production.
Cependant, cette matière a de nombreux effets sur l'environnement car elle est fabriquée avec des produits chimiques très toxiques, volatils et nocifs pour la santé.
Autre fibre artificielle, le Lyocell est fabriqué avec une technique qui permet de recycler l'eau et de récupérer le solvant pour les utiliser une nouvelle fois, ce qui réduit fortement ses impacts environnementaux.
La viscose ou le Lyocell ne sont présents qu'à hauteur de 6 % dans la composition des vêtements. Source : Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, Refashion, avril 2023.
Le polyester et l'acrylique.
Les vêtements en polyester sont résistants et infroissables. Ceux en acrylique sont doux, légers et ne gardent pas la chaleur. Fabriqués à partir de composés issus du pétrole, le polyester et l'acrylique font partie des matières plastiques.
Ils ne nécessitent pas de traitement (comme le blanchiment dans le cas du coton) avant l'étape de teinture mais ils sont fabriqués à partir de pétrole, leur fabrication consomme de l'énergie et ils libèrent des microplastiques lorsqu'ils sont portés et lavés.
Le polyester et l'acrylique sont présents à environ 20 % et 12 % dans la composition des vêtements. Source : Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, Refashion, avril 2023.
6 conseils pour bien choisir la matière de ses vêtements.
• Privilégier les textiles avec le moins de mélange de matières possible (cela simplifie la fabrication et facilite le recyclage).
• Privilégier le lin au coton et choisir en priorité du lin transformé en France ou en Europe.
• Privilégier le coton biologique ou le coton issu de matière recyclée au coton conventionnel.
• Privilégier le Lyocell à la viscose.
• Privilégier le polyester recyclé au polyester conventionnel.
• Privilégier les matières dont la culture ou la fabrication limite les impacts sur l'environnement, en s'assurant de la présence de garanties fiables (labels reconnus, certifications vérifiées par des organismes indépendants).
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