ADEME.
Agence de la transition écologique.
Tout comprendre : les impacts de la mode et de la fast-fashion.
Clés pour agir.
Édition novembre 2024.
Adaptation, conversion et gravure audio : Handicapzéro.
Vers une mode durable ?
1. Où sont produits nos vêtements et chaussures ?
1.1. Très peu sont made in France.
1.2. Beaucoup sont fabriqués en Asie.
2. Comment sont fabriqués nos vêtements et chaussures ?
3. Faut-il privilégier certaines matières ?
3.1. Fibres naturelles, artificielles ou synthétiques ?
3.2. Toutes les matières passées au crible.
4. Que sait-on sur la pollution des microplastiques ?
4.1. Le lavage des vêtements augmente la pollution.
4.2. Des recherches actives pour réduire cette pollution.
5. Écoconcevoir des vêtements et des chaussures, c'est possible ?
6. Pourquoi la fast-fashion est un problème ?
7. La seconde main : une solution ?
8. Quel est l'impact des retours produits et des invendus ?
9. Comment faire pour mieux acheter ?
10. Garder ses vêtements plus longtemps, ça compte ?
11. Tous les vêtements sont-ils recyclables ?
12. Que deviennent les vêtements et chaussures déposés dans une borne ?
L'ADEME à vos côtés.
La mode, un secteur en constante évolution, pose à chacun d'entre nous de nombreuses questions sur la durabilité et l'éthique.
L'industrie textile génère de nombreux impacts négatifs sur l'environnement : émissions de gaz à effet de serre, pollution de l'air, de l'eau et des sols, contribution à la déforestation et atteinte à la biodiversité. De plus, les conditions de travail dans les usines de certaines régions du monde restent très préoccupantes.
Le phénomène de l'ultra fast-fashion aggrave ces problèmes. Ce modèle repose sur la production rapide et à très bas coût de vêtements, avec des collections sans cesse renouvelées et des techniques de marketing qui poussent à l'achat sans prise en compte de nos besoins réels, tout en exerçant une pression considérable sur les ressources naturelles et les droits humains.
En quelques années, nous sommes passés de 2 collections par an à plusieurs milliers de nouveaux modèles par jour. Source : Rapport, "Quand la mode surchauffe", Les Amis de la Terre France, juin 2023.
En France, les pouvoirs publics, les associations et certaines entreprises commencent à réagir. Des initiatives voient le jour pour encourager une consommation plus responsable :
sensibilisation à acheter en fonction de ses besoins, à réduire les achats impulsifs, prolongation de la durée de vie des vêtements grâce à des bonus réparation, repérage plus facile des produits les moins polluants grâce aux labels et à l'affichage environnemental. Cependant, le chemin vers une mode plus responsable est encore long.
Il est donc essentiel de comprendre les impacts de l'industrie de la mode et d'explorer les moyens d'agir en tant que consommateurs responsables. Découvrons les enjeux de la mode actuelle et les solutions pour un avenir plus durable.
• La consommation européenne de textiles représente la 4ème source d'impacts sur l'environnement et le changement climatique de l'Union européenne, après l'alimentation, le logement et les transports.
Source : EU Strategy for Sustainable and Circular Textiles.
• Chaque Français a acheté en moyenne 40 pièces d'habillement et 4 paires de chaussures en 2022. Source : Rapport d'activité Refashion 2022.
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Depuis les années 2000, l'industrie manufacturière française du textile a perdu les deux tiers de ses effectifs et plus de la moitié de sa production. Aujourd'hui, la majorité des vêtements et des chaussures est importée. En France, on fabrique principalement des produits de luxe ainsi que des textiles techniques qui ne sont pas destinés à l'habillement (pour l'industrie et la santé par exemple).
On trouve également des entreprises du textile sans usine qui conçoivent des modèles et commandent leur fabrication à l'étranger.
Seuls 21 % des Français estiment que le made in France est un critère très important pour choisir ses vêtements. Source : Les Français et l'industrie textile, Toluna Harris pour le Ministère de la Transition Écologique et de la cohésion des territoires, mars 2024.
La France conserve son savoir-faire.
La région de Lyon était réputée pour le travail de la soie, le nord de la France pour ses ateliers de confection ou sa dentelle, le secteur de Troyes ou de Roanne pour ses fabricants de mailles et de tricots, les Vosges pour le tissage et le linge de maison, la Bretagne pour ses chandails de marin.
Tous ces savoir-faire réputés n'ont pas disparu des régions françaises !
Made in France, ça veut dire quoi ?
La mention "made in France", ou "fabriqué en France", ne signifie pas que 100 % des étapes de fabrication d'un produit ont été réalisées en France.
Quand les composants, les matières premières et les diverses étapes de la fabrication proviennent et se déroulent dans plusieurs pays, le produit acquiert l'origine du pays où il a subi la dernière transformation substantielle.
Les étiquettes sur les vêtements doivent aussi comporter le pays où sont réalisés :
• le tissage,
• la teinture ou l'impression du tissu,
• la confection.
(Cette obligation est progressivement mise en place depuis janvier 2023).
Source : "Acheter un produit "Fabriqué en France" : quelles garanties ?", economie.gouv.fr
La moitié des vêtements et chaussures vendus en France sont fabriqués en Asie, principalement en Chine qui concentrait 41,4 % des parts de marché mondial du secteur du textile et de l'habillement en 2021.
Source : Étude Insee, "L'industrie textile en France ; une production mondialisée, sauf pour les produits de luxe et les textiles techniques", parution Insee Première, numéro 1714, de 2018.
Les réglementations environnementales et la protection des travailleurs sont souvent moins strictes dans cette région du monde qu'en Europe, ce qui permet des coûts de production plus bas, mais qui entraîne aussi fréquemment des pollutions de l'air, de l'eau et des sols et des conditions de travail particulièrement difficiles.
Des conditions de travail qui tardent à s'améliorer.
En 2013, l'effondrement du Rana Plaza, au Bangladesh, a causé la mort de plus de 1 100 personnes, principalement des ouvriers du textile travaillant dans des conditions précaires.
En 2023, des contestations d'ouvriers qui demandaient des augmentations de salaires pour subvenir aux besoins de leurs familles ont été réprimées par la police.
Source : "Au Bangladesh, des heurts opposent la police à des ouvriers du textile en grève", France 24, novembre 2023.
Plus de 300 millions de personnes dans le monde (en majorité des femmes) travaillent dans l'industrie textile. Source : Ressource du Programme des Nations Unies pour l'Environnement sur le secteur textile.
Les étapes de la vie d'un vêtement et ses impacts sur l'environnement.
1. Extraction des matières premières : culture, récolte, préparation des fibres naturelles, artificielles ou synthétiques (eau, matières premières, pollution des sols, produits chimiques).
2. Filature, tissage, tricotage (matières premières, produits chimiques, pollution de l'eau, pollution de l'air).
3. Teinture, impression et ennoblissement : blanchiment, teinture, impression, délavage des jeans, autres apprêts (easy caire) (eau, énergie, produits chimiques, pollution de l'air, pollution de l'eau, pollution des sols).
4. Confection : coupe, couture, finitions (matières premières, énergie, pollution de l'eau, pollution de l'air).
5. Stockage, distribution et vente au détail en ligne ou en magasin physique : transport, emballages (eau, énergie, pollution de l'air).
6. Utilisation : lavage, séchage en sèche-linge, repassage (eau, énergie, pollution de l'eau).
7. Réemploi.
8. Fin de vie : recyclage, incinération avec valorisation énergétique ou enfouissement en centre de stockage (énergie, pollution des sols).
Ressources : matières premières, eau, énergie, produits chimiques.
Impacts : pollution de l'air, pollution de l'eau, pollution des sols.
Quelles étapes ont le plus d'impacts sur l'environnement ?
• La production de matières premières (en tenant compte des impacts de l'agriculture qui utilise des produits chimiques pour cultiver des matières naturelles comme le coton) qui entraîne des pollutions de l'air, des sols et de l'eau,
• la fabrication des fil, des tricots et tissus qui consomme de l'énergie et nécessite d'utiliser des produits chimiques,
• la teinture et l'ennoblissement qui utilisent également beaucoup de produits chimiques.
Quel est l'impact des transports ?
Le transport des vêtements effectué en bateau génère peu d'impacts environnementaux en comparaison des autres étapes de production.
Mais ce mode de transport est en train d'être remplacé par le transport aérien car les entreprises de fast-fashion veulent livrer toujours plus vite leurs produits.
Or, le transport en avion d'un t-shirt produit au Bangladesh génère 14 fois plus d'émissions de gaz à effet de serre, que son transport par bateau, dépassant même les émissions dues à sa fabrication. Source : Public Eye, Le magazine numéro 44, Novembre 2023.
Il n'existe pas de matière parfaite car toutes ont des impacts sur l'environnement. Mais il existe des solutions pour les réduire et favoriser des choix plus responsables.
Les matières qui composent nos vêtements peuvent être classées en 3 grandes familles :
• les matières d'origine naturelle : végétales comme le coton ou le lin, ou animales comme la laine,
• les matières d'origine artificielle : transformées chimiquement à partir de matières naturelles, comme le Lyocell et la viscose fabriqués à partir de cellulose de bois,
• les matières d'origine synthétique : fabriquées à base de pétrole comme le polyester ou l'acrylique.
S'il est fréquent de lire que certaines matières sont plus polluantes que d'autres, les études actuelles ne permettent pas de l'affirmer.
En effet, pour évaluer l'empreinte écologique d'un vêtement, il est nécessaire d'analyser l'ensemble des impacts environnementaux sur tout son cycle de vie et donc de tenir compte, aussi, de la façon dont on l'utilise.
Par exemple, on peut largement réduire les impacts d'un vêtement si on l'utilise longtemps parce qu'il répond en tout point à nos attentes :
un pull bien chaud qui ne bouloche pas, une chemise infroissable et dont la couleur ne change pas, un t-shirt tout doux, et qui ne se troue pas, un maillot de bain robuste pour nos longueurs à la piscine, une robe qui tombe bien et qui ne bouge pas après plusieurs lavages.
Tout cela va dépendre des propriétés des fibres utilisées et de la qualité de la teinture qui résisteront plus ou moins bien aux lavages et au temps qui passe.
Le coton.
Cette fibre naturelle végétale est cultivée principalement en Chine, aux États-Unis, au Brésil et au Pakistan dans des conditions parfois très difficiles pour les travailleurs.
Sa culture nécessite l'usage de terres agricoles (34 millions d'hectares de coton ont été cultivés dans le monde en 2022, selon la FAO), d'eau pour l'irrigation, d'engrais et de pesticides, voire de défoliants pour la récolte.
Avant d'être utilisées pour fabriquer des vêtements, les fibres de coton nécessitent un prétraitement par flambage, mercerisage, blanchiment et débouillissage, qui consomment de l'énergie, de l'eau et des produits chimiques.
Le coton est une des fibres les plus utilisées pour fabriquer des vêtements. C'est en effet une matière douce, très agréable à porter et qui retient bien l'humidité. Le coton est très apprécié pour les vêtements près du corps.
Le coton représente plus de 40 % de la composition des vêtements. Source : Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, Refashion, avril 2023.
La laine.
La laine a de nombreux avantages : elle absorbe l'humidité, elle est douce (en particulier la laine mérinos) et elle conserve très bien la chaleur.
Ses impacts environnementaux sont en partie dus à l'élevage, qui participe à l'acidification des sols et des eaux.
• La laine est présente à moins de cinq % dans la composition des vêtements,
• 75 % de la laine dans le monde provient d'Australie.
Source : Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, Refashion, avril 2023.
Et la laine française ?
La laine des moutons français n'est pas totalement exploitée car il n'existe pas de filière complète de valorisation qui soit rémunératrice (collecte par qualité de laine, préparation intégrant le lavage, utilisation pour différentes applications : rembourrage, habillement, feutre, engrais, etc.).
Ainsi, certains éleveurs français ne trouvent pas d'acheteurs pour leurs toisons.
Le collectif Tricolor (collectiftricolor, "point", org), regroupant des éleveurs, des transformateurs et des marques, mène des actions pour développer les filières lainières françaises.
Le lin et le chanvre.
La France est le premier producteur mondial de lin. Cette culture, qui a besoin d'humidité et d'un climat frais, n'est possible que dans certaines régions (Bretagne, Normandie, Hauts-de-France, Belgique et Pays-Bas). Le chanvre, en revanche, peut être cultivé partout en France.
Le lin et le chanvre doivent être cultivés en alternance, et ne peuvent être plantés qu'une fois tous les 6, ou 7 ans, sur la même parcelle. Leur culture a l'avantage de ne pas demander d'arrosage ni de pesticides.
Après récolte, les plantes sont déposées sur le sol où elles vont se dégrader naturellement (c'est le rouissage). Puis, la paille (60 à 70 % de la plante) est séparée des fibres. Les fibres sont ensuite exportées pour être filées. Un prétraitement (blanchiment) est nécessaire avant de les utiliser pour fabriquer des vêtements.
Les vêtements en lin sont agréables à porter, surtout quand il fait chaud.
Quelques entreprises (marques, filateurs, teilleurs) et des coopératives agricoles françaises cherchent actuellement à développer les textiles en lin et en chanvre ainsi que la valorisation de la paille.
Le lin entre dans la composition de moins de 1 % des vêtements. Source : Textile Exchange.
La viscose et le Lyocell.
Fabriquée à partir de la transformation chimique de la cellulose (un des composants du bois), la viscose est largement utilisée dans les chemises et les draps, car elle a un faible coût de production.
Cependant, cette matière a de nombreux effets sur l'environnement car elle est fabriquée avec des produits chimiques très toxiques, volatils et nocifs pour la santé.
Autre fibre artificielle, le Lyocell est fabriqué avec une technique qui permet de recycler l'eau et de récupérer le solvant pour les utiliser une nouvelle fois, ce qui réduit fortement ses impacts environnementaux.
La viscose ou le Lyocell ne sont présents qu'à hauteur de 6 % dans la composition des vêtements. Source : Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, Refashion, avril 2023.
Le polyester et l'acrylique.
Les vêtements en polyester sont résistants et infroissables. Ceux en acrylique sont doux, légers et ne gardent pas la chaleur. Fabriqués à partir de composés issus du pétrole, le polyester et l'acrylique font partie des matières plastiques.
Ils ne nécessitent pas de traitement (comme le blanchiment dans le cas du coton) avant l'étape de teinture, mais ils sont fabriqués à partir de pétrole, leur fabrication consomme de l'énergie et ils libèrent des microplastiques lorsqu'ils sont portés et lavés.
Le polyester et l'acrylique sont présents, à environ 20 % et 12 %, dans la composition des vêtements. Source : Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, Refashion, avril 2023.
6 conseils pour bien choisir la matière de ses vêtements.
• Privilégier les textiles avec le moins de mélange de matières possible (cela simplifie la fabrication et facilite le recyclage).
• Privilégier le lin au coton et choisir en priorité du lin transformé en France ou en Europe.
• Privilégier le coton biologique ou le coton issu de matière recyclée au coton conventionnel.
• Privilégier le Lyocell à la viscose.
• Privilégier le polyester recyclé au polyester conventionnel.
• Privilégier les matières dont la culture ou la fabrication limite les impacts sur l'environnement, en s'assurant de la présence de garanties fiables (labels reconnus, certifications vérifiées par des organismes indépendants).
En savoir + : découvrez les labels recommandés par l'ADEME sur agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/labels-environnementaux
Lorsque l'on fabrique, porte et lave des vêtements, des fragments de fibres de moins de 5 mm (d'origine synthétique et naturelle) se détachent sous l'effet des frottements. Ces fragments sont libérés dans l'air et dans l'eau.
En effet, lors du lavage des vêtements, des fragments sont évacués dans les eaux usées qui sont traitées dans les stations d'épuration. Cependant, ils ne sont pas entièrement retenus dans ces stations et se retrouvent donc dans les rivières, les fleuves puis l'océan, où ils s'accumulent.
On estime que dans le monde, les textiles synthétiques (principalement en polyester, en polyéthylène, en acrylique et avec de l'élasthanne) sont responsables du rejet de 0,2 à 0,5 million de tonnes de microplastiques primaires dans les océans chaque année.
Les vêtements ne sont pas les seuls responsables de la pollution aux microplastiques. Ces derniers proviennent également de la dégradation de macroplastiques, qui se fragmentent en morceaux de plus en plus petits, au fil du temps. On les appelle alors des microplastiques secondaires.
Évaluation mondiale des sources de microplastiques primaires déversés dans les océans (soit 1,5 million de tonnes par an) :
• lavage de textile synthétique : 35 %,
• abrasion des pneus : 28 %,
• poussières urbaines : 24 %,
• dégradation des marquages routiers : 7 %,
• autres sources : 6 %.
Sources : Boucher J, et Friot D (2020). Microplastiques primaires dans les océans : évaluation mondiale des sources. Gland, Suisse : UICN. 44 p.
Les microplastiques primaires, c'est quoi ?
Les microplastiques primaires sont les plastiques qui sont rejetés directement dans l'environnement, sous la forme de petites particules.
Ils peuvent avoir été volontairement ajoutés à des produits, comme les agents exfoliants que l'on trouve dans les articles de toilette et les cosmétiques (par exemple, les gels douche).
Ils peuvent aussi provenir de l'usure d'objets en plastique plus gros, au cours de leur fabrication, de leur utilisation ou de leur entretien, comme l'abrasion des pneus sur les routes ou le frottement des textiles synthétiques pendant le lavage.
Les microplastiques secondaires sont issus de la dégradation de macro-déchets et représentent 10 millions de tonnes par an, dont 1,5 million provenant des engins de pêche.
La pollution des sols et des océans est si préoccupante que de nombreuses recherches sont en cours, pour limiter les émissions de microplastiques.
• Une des premières solutions est de ne pas jeter de déchets au sol (mégots, emballages, etc.) ni dans les toilettes (cotons-tiges, lingettes, etc), car ils finiront dans les réseaux d'assainissement ou d'évacuation des eaux pluviales, et risquent d'arriver dans les rivières et les océans.
• Pour réduire les microplastiques primaires provenant des textiles, écoconcevoir les vêtements est une solution. Des recherches sont actuellement menées par plusieurs marques, notamment de vêtements sportifs.
• Des recherches sont aussi réalisées sur des filtres qui pourraient équiper prochainement les machines à laver.
Le sèche-linge : encore plus polluant que le lave-linge.
Dans un sèche-linge, les vêtements qui tournent dans le tambour subissent de nombreux frottements.
Cela libère davantage de microfibres que lorsque le linge sèche à l'air libre. Ils constituent une source sous-estimée de microfibres en suspension dans l'air. Les scientifiques ont évalué qu'un seul sèche-linge rejette entre 90 et 120 millions de microfibres par an, soit bien plus qu'un lave-linge.
Source : Étude publiée dans la revue, Environmental Science and Technology Letters ; "Microfibers Released into the Air from a Household Tumble Dryer", 2022.
En savoir + : Guide, "Tout comprendre. Le paradoxe du plastique" (également disponible aux formats adaptés).
L'écoconception doit progresser dans la mode.
Écoconcevoir un vêtement, c'est chercher à réduire ses impacts sur l'environnement en agissant sur toutes les étapes de son cycle de vie. C'est, par exemple, bien définir les besoins des consommateurs, choisir des matières premières moins polluantes (comme du lin, du coton recyclé ou bio par rapport à du coton conventionnel),
mettre en place des techniques de fabrication qui consomment moins d'eau et d'énergie, éviter la teinture ou opter pour des teintures sans produits chimiques dangereux et favoriser des patrons de vêtements ou chaussures limitant les chutes de matière, un délavage à l'ozone ou au laser,
et des produits plus faciles à réparer et à recycler.
C'est aussi proposer des vêtements qui pourront être portés longtemps sans se démoder (souvent appelés des "basiques"), des renouvellements de collections à un rythme moins soutenu et une production adaptée à la demande, afin de limiter les invendus.
Les premiers pas pour écoconcevoir un vêtement (étape du cycle de vie et 6 actions efficaces) :
• matières premières : 1, éviter au maximum le mélange de matières,
• transformation : 2, supprimer ou limiter la teinture lorsque cela est possible (privilégier les coloris bruts des fibres recyclées, l'écru pour les matières naturelles, etc), 3, limiter le délavage ou choisir le délavage au laser et à l'ozone,
• distribution : 4, augmenter la durée de commercialisation des produits ; 5, réduire le nombre de références vendues par gamme,
• utilisation : 6, proposer des services de réparation ou de garantie.
Quelques marques se sont lancées !
De plus en plus de marques conçoivent des vêtements et des chaussures plus responsables, en s'appuyant, notamment, sur des labels qui établissent des cahiers des charges rigoureux (matières issues de productions biologiques ou de forêts gérées durablement,
méthodes de fabrication qui limitent les pollutions de l'air, de l'eau et régulent l'utilisation de substances dangereuses, critères de production qui améliorent la durée de vie, respect des conditions de travail, etc.).
C'est notamment le cas de :
• la marque de chaussure Kavat, qui s'appuie sur l'Écolabel européen,
• la marque SKFK dont l'un des t-shirts en coton biologique a été conçu en suivant les prérequis du label Global Organic Textile Standard (G O T S),
• la marque Maloja et son t-shirt pour homme qui suit le label BioRe,
• la marque Achel by Lemahieu et son t-shirt en lin français garanti 5 ans,
• la marque Atelier Tuffery,
• la marque de baskets réparables Sessile,
• le jean 59 de Jules, délavé avec un procédé au laser et à l'ozone, confectionné en France,
• le jean l'infini de 1 083, en matière recyclée.
En savoir + : découvrez les meilleurs labels sur agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/labels-environnementaux#labelsrow-3
Une production massive vendue à bas prix, peu importe les conséquences.
Les vêtements de la fast-fashion sont produits en très grande quantité et inondent le marché mondial, poussant les consommateurs à renouveler leur garde-robe.
Les marques utilisent des techniques de marketing agressives pour encourager les achats fréquents, elles renouvellent plusieurs fois leurs collections par an, créant ainsi une pression pour suivre les tendances.
Pour répondre rapidement aux commandes, les vêtements de l'ultra fast-fashion sont essentiellement transportés par avion (et non par bateau), contribuant alors à accroître les émissions de gaz à effet de serre.
Le prix reste le principal élément attractif. Et même si les impacts environnementaux et le manque de respect des conditions de travail de l'industrie de la fast-fashion sont connus, une grande partie des Français ne s'en détournent pas.
• Près d'un français sur 2 estiment avoir déjà acheté dans une enseigne suite à des publicités en ligne, sur les réseaux sociaux ou à la suite de recommandations d'influenceurs ou d'influenceuses,
• 48 % des français considèrent avant tout ces enseignes pour le prix et l'accessibilité, estimant qu'elles permettent d'acheter régulièrement de nouveaux vêtements à bas prix,
• 52 % les considèrent néfastes pour l'environnement et incitant à la surconsommation.
Source : Les Français et l'industrie textile, Toluna Harris pour le Ministère de la Transition Écologique et de la cohésion des territoires, mars 2024.
En savoir + :
• découvrez l'impact de vos vêtements grâce au comparateur Impact CO2 : impactco2.fr, "slache," outils, "slache", habillement,
• rendez-vous sur le site du collectif, En Mode Climat : enmodeclimat, "point", fr
La vente de vêtements neufs ne diminue pas.
En France, le site de revente de vêtements en ligne Vinted, est l'un des plus populaires, notamment auprès des jeunes (source : Institut d'études Kantar).
Il s'agit de la 3ème plus grosse plateforme de vente de mode de l'Hexagone derrière Zalando et Amazon, et devant Veepee, Shein, et Nike.
Pourtant, cette forte progression des achats de vêtements d'occasion ne s'est pas accompagnée d'une réduction des achats de vêtements neufs.
En effet, certains consommateurs profitent des possibilités de revente pour accélérer le renouvellement de leur garde-robe. Ils achètent neufs des vêtements de la fast-fashion pour ne les porter que très peu (parfois le temps d'une soirée !) et les revendre rapidement.
15,1 millions de français ont acheté des produits d'occasion en 2020. Source : Institut d'études Kantar.
Des retours produits trop faciles.
Quasiment toutes les enseignes de commerce en ligne proposent des retours facilités (gratuits) si le produit commandé ne convient pas. Les consommateurs n'hésitent donc pas à commander, même s'ils ne sont pas sûrs de leur achat, sans se poser la question de l'impact des multiples transports.
À l'échelle européenne, ces pratiques génèrent environ 5,6 millions de tonnes de CO2 (un chiffre presque équivalent aux émissions de carbone de la Suède pour 2021).
Source : Volumes and destruction of returned and unsold textiles in Europe's circular economy, E T C, C E, Report 2024, 4 Volumes.
45 milliards de vêtements en excédent (invendus) chaque année dans le monde. Source : Volumes and destruction of returned and unsold textiles in Europe's circular economy, E T C, C E, Report 2024, 4 Volumes.
Des solutions pour réduire les invendus.
Quelques marques proposent une production à la demande permettant de fabriquer uniquement les vêtements commandés et payés comme les marques Asphalte et Aatise.
D'autres proposent des collections de produits basiques, moins démodables, en vente toute l'année et sur une longue période.
La plateforme collaborative FINDS a été mise en place pour aider les marques textiles à écouler leurs invendus.
À Bordeaux, un point de vente VEJA propose à prix réduits des prototypes jamais lancés, des baskets présentant des défauts minimes et des paires d'anciennes collections.
À noter : depuis 2022, la législation française interdit la destruction des invendus textiles.
En finir avec les achats superflus.
Nous accumulons et faisons parfois des achats non nécessaires. Certains vêtements et paires de chaussures sont achetés sur des coups de cœur mais peu portés.
D'autres font doublons avec ce que nous possédons déjà. Pour vous aider à faire le point sur le nombre de paires de chaussures rangées dans vos placards, l'ADEME a développé un petit outil ludique : impactco2.fr/outils/habillement#osez-changer
Les foyers interrogés lors de l'opération "Osez changer", pensaient qu'ils possédaient 2 fois moins de chaussures, 1/3 moins de jeans que la réalité.
Une personne avait 84 paires de chaussures, une autre 135 t-shirts. Source : Étude de l'ADEME, "Osez changer", 2022.
En savoir + :
• découvrez la campagne "Osez changer", sur librairie.ademe.fr/consommer-autrement/5284-osez-changer-mieux-consommer-vivre-plus-leger.html,
• consultez le guide "Comment faire de la place chez soi ?" (également disponible aux formats adaptés).
Pratiquer la méthode bisou.
Créée par Marie Duboin et Herveline Verdeken, cette méthode est applicable à tous les achats. Elle vous permet un petit temps de réflexion avant de vous décider. Vous serez ainsi plus sûr de faire les bons choix.
La méthode bisou, cinq questions essentielles à se poser avant d'acheter :
• B, comme Besoin : à quel besoin ce vêtement ou ces chaussures répondent-il pour moi ?
• i, comme Immédiat : puis-je attendre avant d'acheter ce vêtement ou ces chaussures ?
• S, comme Semblable : n'ai-je pas déjà un vêtement ou des chaussures avec la même utilité ?
• O, comme Origine : d'où viennent ces chaussures ou ce vêtement, en quoi sont-ils faits, sont-ils "responsables" ?
• U, comme Utile : ce vêtement ou ces chaussures m'apporteront-ils un confort réellement supplémentaire par rapport à ce que j'ai déjà ?
Changer ses habitudes.
Prenez le temps de chercher des labels environnementaux sur les vêtements et les chaussures. Ils ne concernent pas encore beaucoup de produits mais cela vaut la peine de se renseigner.
Pour vous aider à repérer les meilleurs labels, l'ADEME vous propose de consulter son site : agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/labels-environnementaux
Et si vous constatez une allégation qui vous semble fausse ou trompeuse, vous pouvez faire un signalement sur le site : signal.conso.gouv.fr
Dès que vous le pouvez, privilégiez les vêtements d'occasion. Si vous achetez en friperie, n'hésitez pas à demander aux vendeurs d'où viennent les vêtements. Ils seront ravis de vous expliquer le fonctionnement de leur magasin.
Pour les vêtements que vous ne porterez qu'une seule fois, pour une occasion particulière, préférez la location.
En savoir + : découvrez la carte des bonnes adresses pour donner, vendre, prêter, louer, échanger vos vêtements, accessoires et chaussures sur le site, "épargnons nos ressources", sur, epargnonsnosressources.gouv.fr/bonnes-adresses-mieux-consommer/
Bientôt un affichage environnemental sur les vêtements.
Les consommateurs pourront bientôt connaître le coût environnemental de leur achat (en ligne et en magasin), prenant en compte différents impacts :
• les émissions de gaz à effet de serre,
• les atteintes à la biodiversité,
• la consommation d'eau et d'autres ressources naturelles,
• les effets des pollutions des milieux et des environnements.
Ce dispositif permettra de comparer plus facilement des produits entre eux. Il ne sera pas obligatoire pour le moment mais laissé à l'initiative des fabricants.
Réparer plutôt que jeter.
Garder ses vêtements et chaussures plus longtemps permet de renouveler sa garde-robe moins rapidement. Et moins on achète de vêtements et de chaussures neufs, plus on limite les impacts environnementaux dus à leur fabrication.
Pour les garder longtemps, essayer de ne pas laver vos vêtements plus souvent que nécessaire et réparez-les !
Pour encourager les Français à faire réparer leurs vêtements et chaussures, le gouvernement accorde un bonus réparation appliqué directement au moment du paiement chez le réparateur.
Pour + d'information et trouver un réparateur labellisé près de chez vous ou en ligne, consultez le site de Refashion. Vous y trouverez aussi des astuces pour vous lancer dans l'auto-réparation.
En savoir + : consultez l'infographie, "Après combien d'utilisations faut-il laver ses jeans ou ses pulls en laine ?", sur mtaterre.fr/ressource/apres-combien-dutilisations-laver-ses-vetements/
Attention au lavage !
Il n'est pas nécessaire de laver un vêtement après chaque utilisation.
Laver souvent vos vêtements, notamment à haute température, risque de les abîmer, de les rétrécir et de les déformer.
Pour limiter la pollution de l'eau, utilisez de préférence des lessives avec des labels recommandés par l'ADEME (contenant des substances moins polluantes pour l'eau et aussi moins agressives pour les vêtements).
Des bonus pour réparer vos vêtements et chaussures.
• Couture collage : 8 €,
• pose patin : 8 €,
• changement zip : 10 €, 14 €,
• ressemelage : 18 €, 25 €,
• changement bonbout : 7 €,
• réparation trou, accroc, déchirure : 7 €,
• réparation couture défaite : 6 €, 8 €,
• changement de zip : 8 €, 15 €,
• changement doublure : 10 €, 25 €.
En savoir + : pour + d'information, consultez : refashion.fr/citoyen/fr/bonus-reparation
Trop de mélange = moins de recyclage.
Près de 40 % des textiles d'habillement sont composés de plusieurs matières mélangées, ce qui rend plus complexe le processus de recyclage. Étude de caractérisation des flux entrants et sortants de centres de tri, Refashion, 2023.
Pour favoriser le recyclage, il est préférable de choisir des vêtements fabriqués dans une seule matière.
L'observation des vêtements usagés en Europe a permis de constater que le coton reste majoritaire dans la composition des vêtements, mais il est également souvent mélangé à d'autres matières (seuls 40 % des vêtements usagés sont 100 % coton).
Attention à l'élasthanne ! Pour être plus confortables à porter, certains vêtements contiennent de l'élasthanne (de 2 à 10 %) mais sa présence perturbe le recyclage. Au-delà de cinq %, il empêche l'étape de recyclage mécanique d'effilochage.
Seule une partie est recyclée en nouveaux vêtements.
Peu de vêtements sont actuellement fabriqués avec de la matière recyclée issue d'anciens vêtements.
31 % des textiles et chaussures collectés et triés sont envoyés dans des processus de recyclage.
Ils servent généralement à fabriquer des chiffons (par exemple pour l'industrie de l'automobile) ou des isolants (pour la maison). Une toute petite partie peut être recyclée pour refaire des vêtements, du linge ou des chaussures mais ne représenterait pas plus de 0,1 % des mises sur le marché.
La plupart des matières recyclées dans les textiles neufs sont issues d'autres origines (des bouteilles en plastique par exemple). Il est en effet encore très difficile techniquement de développer le recyclage des textiles. Étude de l'ADEME sur le potentiel de recyclage des textiles non réutilisables.
De nombreux projets industriels sont en cours de développement pour augmenter le recyclage des textiles en France d'ici 2 à 3 ans.
Des points de collecte obligatoires partout en France.
Des points de collecte ont été mis en place partout en France. Les fabricants de vêtements et chaussures ont des objectifs réglementaires de collecte et de traitement de leurs produits en fin de vie, comme c'est le cas pour les piles, les ampoules, les déchets électriques et électroniques et tout un tas d'autres objets.
S'ils ne mettent pas en place de système de collecte et de valorisation, les producteurs sont sanctionnés.
Même tachés ou abîmés, les textiles et chaussures doivent être déposés dans un point de collecte (exemple : borne, association, boutique, déchèterie, etc.) car ce qui ne pourra pas être de nouveau porté pourra être valorisé (par exemple recyclé).
Vérifier que le logo de recyclage textile, linge et chaussure, est présent sur la borne. Il garantit que la collecte correspond au dispositif imposé par la réglementation.
Trouvez un point de collecte : refashion.fr/citoyen/fr/point-dapport
Des textiles et chaussures majoritairement exportés.
En France, seulement 30 % des vêtements et chaussures mis sur le marché sont actuellement collectés. Cela représente pourtant déjà un volume très important et un poids considérable : 250 000 tonnes par an.
Ensuite, 70 % de ces vêtements et chaussures collectés, sont triés en France et à l'étranger, par des opérateurs connus et encadrés.
S'interroger sur son besoin avant d'acheter des vêtements et des chaussures, les porter le plus longtemps possible, les réparer pour allonger leur durée de vie et quand on n'en a plus besoin, les donner, les échanger ou les vendre à proximité, permettra de limiter les déchets textiles et l'export de vêtements et chaussures réutilisables.
Que deviennent les textiles triés ?
• 60 % sont commercialisés pour être réutilisés. Ils sont majoritairement exportés,
• 31 % sont dirigés vers des processus de recyclage,
• 8,5 % sont dirigés vers des processus de valorisation sous forme d'énergie,
• 0,5 % sont éliminés.
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Rédaction : ADEME, bearideas.