l'édito de Christian Prudhomme
A géographie variable...
"La découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à voir avec de nouveaux yeux". En écrivant ces mots, Marcel Proust n'avait probablement pas à l'esprit l'infinité de combinaisons s'offrant à tout passionné qui s'attaque, pour la blague ou "à balles réelles", à la confection du parcours du Tour de France. C'est pourtant bien la démarche qui nous anime et nous amène à revisiter en permanence des lieux et des territoires en leur donnant à chaque fois une autre vocation. Les coureurs ont parfaitement intégré ce concept de géographie variable. Ils savent nous surprendre, nous secouer, nous emporter. Alors nous leur soumettons, sur le registre de l'éparpillement des difficultés, des terrains capables de précipiter l'action… et susceptibles de modifier nos regards, comme Proust nous y invite ! Le Mont-Saint-Michel, transformé par les travaux qui viennent de s'achever, n'aura jamais eu autant d'allure, en tant que rampe de départ majestueuse de l'édition 2016 du Tour. De même, l'arrivée qui sera jugée à Cherbourg-Octeville le lendemain ne ressemblera à aucune de celles que la ville a connues dans sa longue histoire avec la Grande Boucle.
Le cyclisme est amoureux de la montagne et du spectacle produit par les grimpeurs. Nous sommes pour autant convaincus que les massifs intermédiaires fournissent bien davantage que des indications : ils font la sélection. Nous le constaterons dans le Cantal, mais aussi un peu plus tard dans le Jura, lorsqu'il s'agira de jouer aux fêlés du col du Grand Colombier. Entre-temps, le séjour pyrénéen, qui se présente comme en 2015 avant les Alpes s'étendra sur 3 étapes mêlant les innovations à la tradition.
Avec le dernier acte, qui cumule en réalité autant les dénivelés que les virages, nous formulons une promesse d'éblouissement, garantie par la présence quasi permanente du mont Blanc. Les paris sur le Maillot Jaune seront ouverts côté suisse à Finhaut-Emosson mais encore pour le retour du chrono en montagne entre Sallanches et Megève et, pourquoi pas, dans l'ultime descente qui fera plonger les coureurs sur Morzine, à 24 heures de l'arrivée ? En voilà du changement de perspective…
Christian Prudhomme.
Directeur du Tour de France.