grand départ
1. Le Yorkshire.
Yorkshire, terre d'inspiration…
Le comté du Yorkshire chante un hymne permanent au voyage. Parmi ses enfants, la région compte d'ailleurs le capitaine James Cook, un des navigateurs qui a donné un nouveau visage au monde en découvrant la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie ou encore les îles de l'archipel d'Hawaï. La traversée des mers sera bien plus paisible pour les coureurs du Tour qui exploreront eux aussi de nouvelles contrées à l'occasion de ce 20ème Grand Départ donné à l'étranger. C'est par un Tour du Yorkshire, concentré sur 2 étapes, que le peloton prendra la mesure de ce territoire à sensations : une nature saisissante de pureté en pénétrant les vallons du Yorkshire, une vitalité constamment renouvelée au sein de villes qui ont marqué l'histoire du pays. L'air du Yorkshire transporte facilement le visiteur dans l'ambiance des romans des sœurs Brontë, qui lègueront peut-être une partie de leur inspiration aux coureurs dans la traversée du village de Haworth.
Les villes de Leeds et Sheffield, 2 pôles majeurs du développement industriel au XIXème siècle, occuperont un rôle central dans le séjour du Tour au Yorkshire. Leur histoire sportive les a souvent placées au cœur de l'actualité, les clubs de football des 2 cités ayant conquis au total 8 titres de champions d'Angleterre. Et, s'il évolue loin de l'élite, le modeste Sheffield FC restera pour l'éternité le 1er club de football du monde… créé en 1857 ! Côté cyclisme, le clin d'œil du hasard veut que Brian Robinson, 1er Britannique vainqueur d'étape sur le Tour tout comme Barry Hoban qui en remporta 8 soient l'un et l'autre natifs du Yorkshire.
2. Cyclisme à l'anglaise : la tradition… et la vision.
Dans l'album du Tour de France, le cyclisme britannique a été ponctuellement représenté par des pionniers valeureux. Les Robinson, Simpson et Hoban ont fondé une mémoire cycliste, sur laquelle se sont appuyés avec modernité Cavendish, Wiggins ou Froome.
A y regarder de très près, les racines du cyclisme britannique sont lointaines. La 1ère course cycliste, disputée entre Paris et Saint-Cloud en 1868, fut remportée par un Anglais expatrié, James Moore ! De l'autre côté de la Manche, la culture du chrono a très rapidement conquis les rouleurs. La fièvre des records commençait même à gagner les pédaleurs de l'ombre, qui ont ensuite fait face à une longue interdiction des courses sur route.
Dans ce contexte de marginalisation, il était déjà héroïque de la part de Bill Burl et Charles Holland de se présenter sur le Tour 1937. Bien plus tard, c'est le chemin tracé par Brian Robinson qui fut exploité avec une tragique démesure par Tom Simpson, décédé en course sur les flancs du Mont Ventoux en 1967. Le lendemain du drame, Barry Hoban remportait l'étape de Sète en l'honneur de son compagnon de chambre.
C'est sur l'héritage des rouleurs de la vieille époque que l'école britannique a ensuite pesé. Le jour de sa 1ère apparition en 1994, Chris Boardman s'imposait sur le prologue. Dans son sillage, David Millar saisissait le 1er Maillot Jaune des années 2000. L'Écossais, qui aura été également le témoin et même l'acteur indirect de la vague de succès britannique.
Car, avec ses 25 victoires d'étapes, Mark Cavendish ne manque jamais de rappeler que sa rencontre avec David Millar, sur l'Île de Man, a joué un rôle déclencheur dans sa carrière. A son tour, le champion du monde 2011 a suscité des vocations dans tout le Royaume-Uni, tout comme son aîné Bradley Wiggins, dont l'éclosion en tant qu'acteur majeur du Tour a été plus tardive.
Le double champion olympique de poursuite, 4ème du Tour en 2009, doit pour beaucoup sa consécration à Dave Brailsford et à l'efficacité du projet Sky. Guidé par l'idée de transposer à la route les méthodes qui ont fait le succès des pistards anglais, le maître à penser de l'équipe a honoré le pari de placer un de ses coureurs sur la plus haute marche du podium. En 2012, Wiggins accomplit le rêve dessiné par Brailsford. Et, en même temps, Sir Brad montra la voie à son co-équipier Chris Froome, qui applique la méthode Sky avec encore plus de tempérament en 2013. Les sujets de sa Gracieuse Majesté ont conquis les sommets !
Quelques repères :
• 1937 : Bill Burl et Charles Holland premiers engagés sur l'épreuve,
• 1958 : Brian Robinson 1er Britannique vainqueur d'étape,
• 1962 : Tom Simpson Maillot Jaune l'espace d'un jour,
• 1978 : Barry Hoban achève sa carrière sur le Tour avec 8 victoires d'étapes,
• 1984 : Robert Millar s'adjuge le maillot à pois,
• 1994 : Chris Boardman remporte le prologue de Lille et établit un record de vitesse qui tient toujours : 55,152 km par heure,
• 2008 : Mark Cavendish remporte sa 1ère étape sur le Tour,
• 2012 : Bradley Wiggins devient le 1er vainqueur britannique du Tour,
• 2013 : Chris Froome succède au palmarès à son compatriote.
3. Les coureurs britanniques et le Tour de France.
Wiggins et Cavendish bien sûr mais aussi Robinson.
Dimanche 22 juillet 2012, le jour de gloire. Le God Save the Queen retentit sur les Champs Élysées pour saluer la 1ère victoire d'un coureur britannique dans le Tour de France. Le Maillot Jaune Bradley Wiggins côtoie même sur le podium l'un de ses compatriotes, son co-équipier Christopher Froome qui termine à la 2ème place. 50 ans plus tôt, en 1962, le 1er coureur venu d'Outre-Manche à revêtir la précieuse tunique s'appelait Tom Simpson, qui sera imité plus tard par Chris Boardman, Sean Yates et David Millar.
Quant au nombre de victoires d'étapes britanniques dont le total est de 51, c'est bien sûr Mark Cavendish qui se taille la part du lion avec 23 succès suivi de Barry Hoban (8), David Millar (4), Michael Wright, Robert Millar et Chris Boardman (3), Bradley Wiggins (2), Sean Yates, Maximilian Sciandri et Christopher Froome (1). Et celui qui avait ouvert la voie en s'imposant à 2 reprises, d'abord en 1958 puis en 1959, c'est Brian Robinson, originaire, comme Hoban, du Yorkshire.