l'interview de Thomas Voeckler

• Handicapzéro : Thomas vous avez commencé votre carrière professionnelle en Vendée avec Jean-René Bernaudeau en 2001, vous y êtes depuis maintenant 10 ans. A quoi tient cette fidélité ? 

Thomas Voeckler : Il n'y a pas de raison spéciale. Quand on se sent bien quelque part et qu'il y a tous les éléments pour faire son métier dans les meilleures conditions, il faut avoir des raisons de changer, jusque là je ne les ai pas trouvées. Et puis, il y a un petit côté sentimental parce que j'habite en Vendée depuis longtemps. 

• Handicapzéro : Vous seriez peut-être parti si Jean-René Bernaudeau n'avait pas trouvé d'équipe cette année ?

Thomas Voeckler : L'année dernière, c'était chaud pour que l'équipe continue, on savait dès le début de l'année que Bouygues Telecom, après plusieurs années de parrainage, avait décidé de se retirer. Nous n'avons pas été pris au dépourvu mais avec le Championnat de France que nous avions gagné, les 2 étapes au Tour et le maillot à pois, on pensait trouver facilement un sponsor. Mais c'est vraiment à la dernière minute qu'Europcar est venu nous parrainer. J'ai presque cru à la disparition de l'équipe, j'ai d'ailleurs attendu le plus longtemps possible avant de donner mon accord à une autre équipe. Et finalement, nous sommes tous contents de continuer l'aventure.

• Handicapzéro : En espérant que ce soit encore une belle aventure, cette année, vous allez tout faire pour… 

Thomas Voeckler : Le début de saison s'est bien passé, mais depuis quelques années, contrairement à il y a 20 ans, toutes les courses de l'année sont importantes. Maintenant, si on parle du Tour de France, soyons honnêtes, c'est la course la plus importante de l'année. Donc si on est pas performant sur le Tour de France, on aura vite oublié notre bon début de saison.

• Handicapzéro : Le Tour commence dans quelques semaines, que pensez-vous du tracé ?

Thomas Voeckler : Depuis l'année dernière, les organisateurs font en sorte de ménager le suspens du début à la fin. Je trouve cela très bien pour les téléspectateurs qui ne se retrouvent pas, comme trop souvent, avec 10 premiers jours de plat. Il y en a pour tous les goûts. Cela donne un peu plus de spectacle.

• Handicapzéro : L'année dernière vous portiez le maillot tricolore sur les routes du Tour, qu'est-ce-qui change quand on a ce maillot sur les épaules ?

Thomas Voeckler : Sur les routes du Tour de France, le maillot le plus populaire, c'est le maillot jaune. Ensuite le public cherche le maillot bleu blanc rouge. Les spectateurs étant en grande partie des français, même s'il y a des touristes en vacances qui viennent regarder le Tour. On est plus observé et encouragé avec l'un de ces deux maillots qu'avec un maillot lambda. C'est vraiment une reconnaissance du public, une personne peut ne pas connaître le coureur mais elle reconnaît le maillot bleu blanc rouge. Du premier au dernier jour, où que l'on soit dans le peloton, on est reconnu.

• Handicapzéro : Vous êtes peut-être plus surveillé, alors ?

Thomas Voeckler : Pas vraiment. Il y a beaucoup de coureurs nationaux au départ du Tour de France. Ce n'est pas parce que l'on est Champion de France que l'on est plus surveillé.

• Handicapzéro : Quels sont les objectifs de votre équipe sur le Tour de France 2011 ?

Thomas Voeckler : C'est Jean-René Bernaudeau qui définira les objectifs. Il faut être raisonnable, on sait qu'on n'a pas les moyens de faire un podium au classement général. Etre dans les 5 ou 10 premiers, cela risque d'être difficile pour nous. Il nous reste à tout donner sur ces 3 semaines. C'est assez difficile de parler d'objectifs parce qu'il y a tellement d'équipes qui participent pour porter un maillot distinctif. L'objectif, c'est surtout de tout mettre en œuvre et ne pas avoir de regrets. 

• Handicapzéro : Quel est votre meilleur souvenir sur le Tour de France ?

Thomas Voeckler : Bien sûr, les 10 jours en jaune en 2004, mais c'est tellement exceptionnel que c'est difficile à comparer. Je crois que mes deux victoires d'étapes à Perpignan et à Bagnères-de-Luchon sont des moments plus forts émotionnellement.

• Handicapzéro : Avez-vous un mauvais souvenir sur le Tour de France ?

Thomas Voeckler : Ce ne sont pas vraiment des mauvais souvenirs, mais plutôt des moments de souffrance physique. Par exemple, en 2007, j'ai fait 10 jours normaux sans exploit particulier et par la suite j'ai attrapé une bronchite carabinée avec laquelle j'ai passé 10 jours à traîner ma misère, avec les Alpes où je décrochais même avant les sprinter. J'ai réussi à rallier Paris, mais dans de très mauvaises conditions physiques.

Lorsque l'on est en bonne santé c'est déjà dur. Si on a un problème de santé, c'est très difficile et épuisant, mais on essaie toujours de finir ne serait-ce par respect pour le public et pour les autres coureurs de l'équipe qui aimeraient être dans l'effectif du Tour.

• Handicapzéro : Vous êtes le coureur français le plus populaire, est-ce dur à porter ?

Thomas Voeckler : Non franchement, ce n'est pas dur porter, mais c'est vrai qu'à un moment ça aurait pu l'être. Comme en 2005, où j'ai senti que j'étais très attendu. J'étais aussi dépassé par les événements dans le sens où il a fallu justifier mon statut d'espoir du cyclisme français. Et puis finalement, maintenant, je fais du vélo comme j'aime. J'ai un très bon état d'esprit. Je ne le fais pas pour être encouragé. Bon, il faut être honnête, c'est vrai que ça fait plaisir. Mais l'essentiel, c'est d'être moi-même.

• Handicapzéro : Selon vous, qui va gagner le Tour cette année ?

Thomas Voeckler : Un grimpeur comme souvent. Il y a eu des années où le parcours permettait à tous d'avoir la chance de gagner le Tour. Cette année avec tous les cols et les contre-la-montre, on risque d'en revenir aux mêmes protagonistes que l'année dernière. Ce sera certainement un duel Contador-Schlek. Il n'y a pas eu vraiment de révélation cette année. Ce sera donc difficile de rivaliser.

• Handicapzéro : Tous les ans, ASO organise une ou deux étapes qui s'appellent Mondovélo. Cette année, deux personnes non-voyantes vont y participer, en tandem, sous les couleurs d'Handicapzéro. Avez-vous déjà pratiqué le tandem ?

Thomas Voeckler : Oui, au cours d'un rassemblement avec mon club de la Roche-sur-Yon, j'en ai fait avec une personne malvoyante. Ce n'est pas évident à pratiquer. C'était très intimidant car c'était la première fois que je montais sur un tandem. Et de me dire que c'était quelqu'un qui se reposait beaucoup sur moi, là, fallait pas que je déconne. On appréhende au départ, mais une fois parti c'est parti et tout s'est bien passé.

Merci beaucoup Thomas, pour votre disponibilité.

Merci à vous et à bientôt.