le Galibier 1911-2011
Galibier L’éternel : le Tour célèbre en 2011 le centenaire du 1er passage du peloton au Galibier, le col alpin le plus souvent visité par la course. La ligne d'arrivée de la 18ème étape y sera tracée, à 2 645 mètres d'altitude !
Le peloton est encore sous le choc, à peine remis de sa découverte de l'Aubisque et du Tourmalet, dans son excursion pyrénéenne du Tour 1910. Et l'on parle maintenant d'un nouveau sommet à escalader ; une fantaisie de plus née de l'imaginaire d'Henri Desgrange et d'Alphonse Steinès, ces obsédés de l'aventure. En 1911, le peloton du Tour de France se lance à l'assaut du Galibier : plus haut, plus dur, plus froid que ce que tous les cyclistes ont connu jusqu'alors.
Derrière l'irritation et la révolte, c'est pourtant la fascination du lieu et la conscience de l'exploit qui habitent ces rouleurs perchés entre ciel et terre. "Ça vous en bouche un coin", lance fièrement aux spectateurs Émile Georget, le 1er à s'élever jusqu'au col du Galibier, à 2 556 mètres d'altitude, ce 10 juillet 1911. Le pionnier des pionniers, qui n'a pas posé pied à terre durant toute l'ascension, vient de venir à bout des 34 Km de montée, depuis Saint-Michel-de-Maurienne, en passant par le Télégraphe. Effectivement impressionné par la rencontre spectaculaire de ces géants, Henri Desgrange, transcendé par la journée historique que le Tour vient de vivre, signe dans L'Auto un "Acte d'adoration" : "N'ont-ils pas des ailes, nos hommes qui ont pu s'élever à des hauteurs où ne vont point les aigles ?… Ô Sappey, ô Laffrey, ô col Bayard, ô Tourmalet ! Je ne faillirai pas à mon devoir en proclamant qu'à côté du Galibier, vous êtes de la pâle et vulgaire bibine ; devant ce géant, il n'y a plus qu'à tirer son chapeau et à saluer bien bas !"
Respectant la prophétie du 1er patron du Tour, les coureurs se présentent depuis 100 ans avec la même humilité devant le monstre sacré. Quelques-uns l'ont dompté, parvenant même à utiliser ses pentes les plus abruptes pour se construire un destin. Gino Bartali, par exemple, s'est défait de la menace de Louison Bobet en dominant le Galibier, en 1948. 4 ans plus tard, il y subissait pourtant la loi de la relève des générations, avec un numéro signé Fausto Coppi : "C'est comme un téléphérique sur son filin d'acier", s'enthousiasmait alors Jacques Goddet.
Par la suite, Bahamontes, Gaul, Merckx, Zœtemelk, Ocana ou Pantani ont inscrit leur nom au sommet, qui a d'ailleurs gagné une petite centaine de mètres depuis la fermeture du tunnel et la construction d'une nouvelle route. Et en 2011, un nouveau nom entrera dans la légende, avec la 1ère arrivée jugée au col du Galibier. A 2 645 mètres, ce sera la plus haute de l'histoire du Tour.