Une greffe de cellules souches a considérablement amélioré la vision trouble de trois personnes dont la cornée était gravement endommagée par une maladie.
Une chirurgie encore jamais pratiquée jusqu’ici a permis à trois Japonais de retrouver la vue. Lors d’un essai clinique, des cellules souches ont été greffées en juin 2019 à quatre patients dont la vision était réduite à la suite d’un déficit en cellules souches du limbe (LSCD), une pathologie encore difficile à traiter.
"Nous rapportons ici la première utilisation au monde de feuilles de cellules épithéliales cornéennes dérivées de cellules souches humaines pour traiter le déficit en cellules souches limbiques", rapportent les scientifiques dans l’étude. Trois d’entre eux ont retrouvé la vue dans les deux ans qui ont suivi l’intervention. "Leurs cornées semblent beaucoup plus transparentes qu’auparavant", précise ScienceAlert.
Cette pathologie, qui touche 12,7 millions de personnes, se situe à la jonction entre le globe oculaire et la cornée. Elle se caractérise par l’accumulation d’un tissu cicatriciel qui altère la cornée, provoque des brûlures et peut entraîner une perforation de la cornée.
1 sur 70 peut bénéficier d'une greffe avec un risque de rejet important
Aujourd’hui, les personnes atteintes de LSCD dans un œil peuvent se faire enlever chirurgicalement le tissu cicatriciel et le remplacer par une tranche de cornée saine provenant de l’autre œil. Mais si la perte de cellules souches limbiques s’étend aux deux yeux, une greffe est nécessaire.
Cependant, l’étude rapporte que, sur la totalité des personnes souffrant de cette pathologie, seule 1 sur 70 peut bénéficier d'une greffe avec un risque de rejet important.
Dans cet essai clinique, qui s’est déroulé du 17 juin 2019 au 16 novembre 2020, les scientifiques de l’hôpital universitaire d’Osaka, au Japon, ont utilisé des dérivés de cellules sanguines humaines saines pour restaurer la vision. Ces dérivés de cellules souches ont été transformés en feuilles de cellules épithéliales cornéennes en laboratoire avant d’être transplantés sur la cornée des patients.
Sept mois après la greffe, les quatre patients ont vu leur vision s’améliorer. Cependant, au bout d’un an, la vue de la quatrième patiente, âgée de 39 ans, s’est dégradée. Elle présentait le déficit le plus important des quatre patients.
Un essai clinique prometteur pour les patients
Bien que ces petits essais soient extrêmement prometteurs, ces procédures restent très expérimentales et potentiellement dangereuses. Des recherches beaucoup plus approfondies doivent être menées pour évaluer leur sécurité et leur efficacité.
"À notre connaissance, cette étude fournit la première description de constructions cellulaires dérivées d’iPSC transplantées dans ou sur la cornée de patients, et elle représente une option thérapeutique future prometteuse pour les personnes atteintes d’une LSCD", conclut l’équipe de l’hôpital universitaire d’Osaka. Les chercheurs prévoient de lancer un essai clinique multicentrique pour étudier l’efficacité à plus grande échelle du traitement de la LSCD afin de tirer parti des résultats encourageants décrits dans le présent document.
Les solutions thérapeutiques actuelles
En 2023, des chercheurs américains ont annoncé qu’ils avaient utilisé des cellules souches limbiques pour restaurer la vision de deux patients dont la cornée avait été endommagée jusqu’à un an plus tard.
Les traitements disponibles actuels reposent sur la greffe de la membrane amniotique, qui favorise la cicatrisation de l’épithélium cornéen, et la greffe de tissu limbique, qui permet un apport de cellules souches par un donneur.
Seules les insuffisances limbiques complètes relèvent de la greffe de cellules souches. La présence d’une sécrétion lacrymale minimale et la conservation d’une innervation de la cornée sont indispensables pour envisager une greffe de cellules souches.