2. La forêt est-elle en bonne santé ?

Depuis près de 20 ans, la santé des forêts se dégrade.

Certaines essences dépérissent comme l'épicéa, le frêne, le hêtre, l'orme et plus récemment le châtaigner. Les causes sont variées : sécheresses successives, vagues de fortes chaleurs, ravageurs, champignons, maladies.

L'été, quand la chaleur s'installe, les arbres ont de forts besoins en eau alors qu'elle est de moins en moins disponible dans les sols. Les arbres s'adaptent en réduisant leur évapotranspiration au minimum mais ne peuvent pas la stopper totalement sinon ils meurent.

À cause du changement climatique, les étés sont plus chauds et plus secs. Les arbres privés d'eau et brûlés par le soleil finissent par s'affaiblir et deviennent plus vulnérables aux champignons, aux insectes et aux maladies qui se développent en raison d'hivers plus doux.

Les jeunes arbres peuvent être fragilisés par les chevreuils, les cerfs qui mangent les bourgeons, décollent l'écorce en se frottant contre le tronc. En consommant beaucoup de glands et de châtaignes, les sangliers peuvent avoir un impact sur la régénération naturelle de la forêt.

Dans son dernier Inventaire Forestier National (IFN) d'octobre 2023, l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) constate une mortalité en hausse de 80 % en 10 ans : de 7,4 millions de m cube par an entre 2005 et 2013, cette mortalité est passée à 13,1 millions de m cube par an entre 2013 et 2021.

Dans l'Est de la France, 1 épicéa sur 3 a dépéri entre 2018 et 2022.

La forêt ne s'adapte pas assez vite au changement climatique.

Des essences d'arbres (graines) sont en train de migrer vers le nord et de s'installer plus en altitude pour pousser sous des températures moins chaudes et bénéficier de suffisamment d'eau. Mais le changement climatique s'accélère et de nombreux arbres n'ont pas le temps de migrer suffisamment vite.

Pour aider les arbres à s'installer sous des climats plus favorables, les forestiers sélectionnent les essences et les variétés des arbres qui résistent le mieux localement. Ils plantent par exemple, des essences méditerranéennes plus au nord (chêne vert, chêne liège, chêne pubescent). L'intervention des êtres humains peut être nécessaire pour protéger la forêt et accompagner la régénération naturelle. Une forêt plus diversifiée peut avoir plus de chances de résister aux aléas climatiques et aux ravageurs. Mais n'oublions pas le plus important : c'est en limitant le changement climatique que l'on peut le mieux protéger les forêts !

Quelques grands ennemis actuels des arbres.

Les scolytes sont de petits insectes (de 2 à 7 mm), naturellement présents en France, qui creusent des galeries sous l'écorce des arbres (surtout des épicéas) pour y déposer leurs œufs, entraînant la mort de l'arbre. Initialement déclenchée en Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est, l'épidémie de scolytes s'étend désormais sur la quasi-totalité des forêts d'épicéas, de la moitié nord de la France à l'Auvergne Rhône-Alpes. La succession d'hivers doux a permis le développement des insectes. De plus, les arbres fragilisés par les sécheresses n'ont pas pu se défendre en engluant les insectes dans leur résine.

L'hylobe est un petit charançon qui, en mordant l'écorce de pins, entraîne le dessèchement de la tige attaquée. Si les morsures restent limitées, les tiges assez grandes peuvent le supporter mais les jeunes semis ou plants d'un à deux ans attaqués au collet peuvent être détruits totalement. En cas de pullulation, une plantation peut disparaitre en quelques semaines.

La chalarose du frêne est une maladie causée par un champignon microscopique, qui entraîne le flétrissement puis le dessèchement du feuillage, des rameaux et des jeunes pousses ainsi que des nécroses au niveau de la base de l'arbre (le collet). L'arbre arrête alors de pousser et ne renouvelle plus son feuillage, ce qui l'épuise peu à peu. La nécrose du collet conduit à la mort d'un frêne adulte en quelques années. Les jeunes plants (d'une taille inférieure à 2 m) sont détruits encore plus rapidement. La chalarose, d'origine asiatique, a été détectée pour la première fois en Pologne, au début des années 90 pour arriver en France en 2008. Aujourd'hui, toute la France est touchée.