9. Comment s'adapter à la surchauffe en ville ?

Il n'est pas rare de voir des différences de plusieurs degrés entre la ville et la campagne, la nuit comme le jour. Pour une grande agglomération comme Paris, la différence de température est de l'ordre de 3 à 4°C en été et même de 5 à 10°C en période de canicule, avec des nuits qui restent très chaudes.

Végétaliser les villes.

Végétaliser judicieusement la ville pourrait permettre de réduire la température de 5 à 6°C et la consommation énergétique pour l'air climatisé de 50 % à 70 % (source : Étude Huang et al. 1990). Par exemple, la ville de Paris organise désormais la végétalisation de ses cours d'école. Elle a aussi rendu obligatoire (dès que possible) la végétalisation des grandes toitures plates dans les documents de planification urbaine.

Il est aussi possible de végétaliser des parkings, des bordures de rues, des trottoirs, etc.

Un seul arbre mature au sein d'une plantation d'arbres évapore ainsi 450 litres d'eau quotidiennement, soit l'équivalent de 5 climatiseurs fonctionnant 20 heures par jour.

Rénover les bâtiments.

Il est aussi essentiel de rénover et d'isoler le plus possible les bâtiments pour diminuer leurs besoins en chauffage et en climatisation. Pour les constructions neuves (soit 1 % du parc des bâtiments tous les ans), la ventilation naturelle et le bioclimatisme sont désormais intégrés.

Sur les bâtiments existants (logements, bureaux, commerces, etc.), il est possible d'installer des protections solaires devant les fenêtres car il est indispensable de stopper les rayons du soleil.

L'exemple de la ville de Toulouse.

Ces dernières années, Toulouse a vu sa température augmenter fortement (+2,1°C) et sa pluviométrie baisser (-35 %). Pour s'adapter, la ville a mis en place des actions concrètes qui améliorent le confort des habitants :

• 18 ombrières ont été installées dans les espaces publics où la plantation d'arbres n'est pas possible : pergolas en bois végétalisées et toilées, voiles d'ombrage et même une ombrière gonflable mobile. Cela permet de baisser la température de 2 à 5°C.

• Des brasseurs d'air ont été installés dans les 1 000 classes des écoles toulousaines. D'ici 2026, toutes les classes seront équipées. L'aménagement des cours a été revu dans une quinzaine d'écoles (suppression d'espaces entièrement bitumés, plantation d'arbres et végétalisation des espaces). L'objectif est de passer à 40 écoles en 2026.

• Plusieurs centres de loisirs ont été équipés de ventilateurs, de jeux d'eau et de brumisateurs.

• La végétalisation augmente partout : dans les EHPAD, les quartiers prioritaires, les espaces publics. En 2024, 20 000 nouveaux arbres se sont ajoutés aux 60 000 déjà plantés depuis 2020. Et d'ici 2030, la ville ambitionne de planter plus de 100 000 arbres dans ses espaces publics.

• Dès que l'alerte canicule orange est déclenchée, plusieurs actions sont mises en place : les horaires des piscines sont étendus avec un tarif à 1 € (au lieu de 3,40 €), les parcs sont ouverts jusqu'à 23 heures, un ticket Planète (3 € pour la journée) est proposé pour favoriser les transports en commun, etc.

En savoir + : rendez-vous sur la plateforme "Plus fraîche ma ville", plusfraichemaville.fr

Désartificialiser et désimperméabiliser les sols.

Surfaces en pleine terre et en herbe, noues, bassins d'infiltration, sols en graviers, béton poreux, chaussées poreuses, etc. des sols plus perméables permettent à l'eau d'y pénétrer et de s'évaporer ensuite progressivement en créant de la fraîcheur. Par exemple, la ville de Nice a installé des "pavés à rétention d'eau" sur un lit de sable, alimenté en eau par un tuyau. L'eau monte par capillarité et les pavés poreux, humidifiés, rafraîchissent l'air ambiant. C'est aussi une solution pour répondre aux risques d'inondation en raison d'épisodes plus fréquents de fortes pluies.

Des écoquartiers pour rafraîchir la ville.

Depuis plus de 15 ans, de nombreuses collectivités se sont lancées dans la réalisation de projets d'aménagements plus durables, notamment dans le cadre de la démarche ÉcoQuartiers, et en particulier dans des zones en renouvellement urbain et dans des zones rurales.

À Paris, par exemple, les espaces urbains de l'ÉcoQuartier de Clichy Batignolles offrent aux usagers un meilleur rafraîchissement grâce au Parc Martin Luther King de 10 hectares, avec des arbres et des arbustes aux essences variées, des allées de couleurs claires, des fontaines et jets d'eau, la récupération de l'eau de pluie pour arroser le parc, etc. Des plantes aquatiques permettent d'épurer l'eau en partie. À cela s'ajoutent 6 500 m carrés d'espaces verts privés et 16 000 m carrés de toitures végétalisées.