Antoine est couvreur, il a plusieurs camions-bennes pour le compte de sa société : « Deux fois !, fulmine-t-il encore des mois après, deux fois on m’a volé la ridelle arrière sur l’un de mes véhicules. À chaque fois, c’est 1 800 € la ridelle, dont 800 € de franchise ! » Agacé de voir ses utilitaires servir de banque d’organes, le couvreur francilien a été contraint de louer un garage, puis a finalement opté pour l’achat d’une maison où il peut abriter correctement ses engins.
Mais tout le monde n’a pas les moyens d’acheter un pavillon lorsque la rue n’est pas assez sûre. Selon le bilan annuel publié par le ministère de l’Intérieur, les « vols d’accessoires sur véhicules » ont augmenté de 4 % en 2024, avec 95 363 actes recensés. Ces vols d’accessoires portent uniquement sur les parties extérieures des voitures. Ils ne comprennent pas les larcins effectués à l’intérieur de l’habitacle. Si la hausse annuelle est de 4 %, elle est en revanche bien plus importante sur 4 ans, où le vol de pièces détachées a progressé de 25,3 % depuis 2021 ! Un phénomène qui se développe surtout dans les zones les plus urbanisées. « Le nombre de vols pour 1 000 habitants est 1,7 fois supérieur dans les grandes agglomérations (hors Paris) à celui enregistré dans les territoires situés en dehors des unités urbaines », indique le bilan « Insécurité et délinquance » 2023 du ministère de l’Intérieur. D’après un classement effectué par celui-ci en 2020, les départements les plus fortement concernés par les vols d’accessoires sont les Bouches-du-Rhône, la Seine-Saint-Denis, la Loire-Atlantique, le Val-d’Oise, les Pyrénées-Orientales et le Val-de-Marne. Soit trois départements d’Île-de-France parmi les six premiers, avec cette précision apportée par le ministère de l’Intérieur : « À noter des disparités importantes au sein de la petite couronne parisienne, avec des taux relativement faibles à Paris ou dans les Hauts-de-Seine, mais plus élevés en Seine-Saint-Denis ou dans le Val-de-Marne. »
Les voitures populaires en premier lieu
Sollicité par Que Choisir, le ministère de l’Intérieur a choisi la gendarmerie pour apporter des précisions sur ces vols de pièces détachées. Les gendarmes ont en effet interpellé plusieurs équipes de malfaiteurs en 2024 dont la spécialité était le vol des pots catalytiques. Revendus à des sociétés peu scrupuleuses, ces pots d’échappement ont eu une certaine valeur parce qu’ils contiennent des métaux précieux. Mais le pot n’est toutefois plus la star des vols. Désormais, « un tiers des faits porte sur les optiques, expliquent les militaires, ensuite, ce sont les pots catalytiques pour 19 % des vols, les jantes et roues pour 18 %, les pare-chocs pour 10 %, etc. » Et, toujours selon la gendarmerie, personne ou presque n’est à l’abri d’une mise en pièces de son auto, dans le sens où sont particulièrement visées les voitures les plus populaires : Renault Clio, Peugeot 208 et 2008 ou encore Citroën C3 sont citées par les forces de l’ordre comme étant les autos de prédilection des malfrats. Toutefois, « des modèles plus luxueux comme des Mercedes ou des BMW sont aussi visés parce qu’ils induisent des pièces plus rares et plus intéressantes en termes de bénéfices », note encore la gendarmerie.
L’augmentation des vols d’accessoires constitue une nouvelle douche froide pour les automobilistes. Seuls ceux qui souscrivent une couverture tous risques ou du moins une formule au tiers enrichie d’options liées au vol peuvent en effet prétendre à un éventuel dédommagement. D’autre part, d’après la mutuelle Maif, « il peut y avoir des modalités d’indemnisation différentes selon qu’il s’agit d’équipements ou d’accessoires du véhicule, de la vétusté appliquée, ou des abattements forfaitaires (par exemple pour les pneumatiques) ». La mutuelle fait encore remarquer que la franchise est toujours déduite de l’indemnité versée « sauf à ce que l’auteur du vol soit identifié ». Enfin, pour faire jouer l’assurance, il est indispensable de porter plainte au préalable auprès des forces de l’ordre.
D’après le bilan annuel de l’association Sécurité réparation automobile, qui effectue des études pour le compte des assureurs, le coût moyen d’un bloc optique avant a progressé de 9,7 % en 2024 et de 70 % en l’espace de 5 ans.
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