Travailler moins tout en ayant sa perte de revenus partiellement compensée par une pension de retraite versée par le ou les régimes auxquels on est obligatoirement affilié : tels sont l’idée et l’objectif de la retraite progressive. Bien que son périmètre ait été considérablement élargi avec la réforme des retraites de septembre 2023, puisqu’il est désormais accessible aux salariés, indépendants, exploitants agricoles, fonctionnaires ou agents non titulaires, agents des régimes spéciaux (SNCF…) et professionnels libéraux, ce dispositif reste encore peu couru : pour le seul régime général par exemple qui compte 23,4 millions de cotisants salariés et 15,3 millions de retraités (fin 2023), seules 26 824 personnes étaient en retraite progressive.
Un dispositif peu utilisé
Parmi les causes de son insuccès, on trouve avant tout la frilosité des employeurs privés qui rechignent à accorder un temps partiel à leurs salariés seniors, au motif qu’il s’agit là d’une source de complication de la gestion des fins de carrière. On trouve ensuite la méconnaissance de ses tenants et aboutissants (la pension de retraite progressive n’est pas un acompte qui sera ultérieurement déduit de la pension de retraite définitive), la peur de voir ses droits retraite amoindris, surtout lorsque l’employeur refuse de cotiser sur la base de l’ancien temps plein, ce qui est le cas le plus fréquent, alors que cette perte est toute relative, notamment lorsque la retraite progressive ne dure qu’un an ou deux. On trouve enfin l’appréhension des démarches administratives auprès des caisses de retraite, doublée par un manque de connaissance sur les conditions d’éligibilité et d’accès : générations concernées, nouveau temps de travail, âge minimum requis… Toutes les informations sont disponibles sur le site Parcours Info Retraite.
Un service en ligne multirégime
Pour faciliter ces démarches, il est désormais possible de se connecter sur le portail officiel Info-retraite.fr (ou sur les sites de chacun des régimes de retraite) et, via vos espaces sécurisés, d’effectuer une demande de retraite progressive en ligne, et non plus par courrier comme cela était le cas jusqu’à présent. Après avoir rempli un premier formulaire, vous savez immédiatement si vous remplissez ou non les conditions d’accès à la retraite progressive (et notamment les 150 trimestres retraite minimum exigés). Le cas échéant, vous pouvez alors envoyer votre demande en une seule fois à l’ensemble de vos régimes de base ou complémentaire, ce qui vous évite d’avoir à frapper successivement à la porte de chacun d’entre eux, comme cela était le cas jusqu’à présent. Enfin, en fonction de votre nouveau temps de travail (ou de la baisse de vos revenus pour les indépendants et les professionnels libéraux), vous pouvez évaluer en ligne le montant brut de votre future retraite progressive.
Vers une nouvelle évolution du dispositif ?
De façon plus globale, il faut savoir que la retraite progressive est un des rares outils permettant de maintenir dans l’emploi les salariés seniors. Problème : avec le recul de l’âge légal de départ en retraite, l’âge à partir duquel il est possible de se prévaloir de ce dispositif a également reculé. Ainsi, il n’est plus de 60 ans, comme cela était le cas avant la réforme de 2023, mais déjà de 60 ans et 9 mois pour la génération née en 1963, de 61 ans et 3 mois pour celle née en 1965, et ainsi de suite jusqu’à 62 ans pour les générations nées en 1968 ou après. Dans le cadre de négociations sur l’assurance chômage et l’emploi des seniors, les organisations syndicales et le patronat se sont mis d’accord en novembre dernier pour maintenir l’âge d’ouverture à la retraite progressive à 60 ans. S’il s’agit incontestablement d’une avancée, cet accord n’est toutefois pas encore opérationnel : on attend donc concrètement la suite.
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