Le revers de mon look.

Quels impacts ont mes vêtements et mes chaussures sur la planète ?

Livret ADEME.


I. L'industrie textile en quelques chiffres.

 

Plus de 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde. La production a doublé entre 2000 et 2014. Source : Timeout for fast fashion, Greenpeace, 2014.

 

En France, le secteur de l'habillement génère 150 milliards d'euros et représente 1 million d'emplois. Source : IFM, 2017.

 

En France, 600 000 tonnes de vêtements sont mises sur le marché (2,5 milliards de pièces). 210 000 tonnes sont aujourd'hui collectées et triées (soit 9,2 kg par personne dont 3,2 kg collectés et triés). Source : Éco TLC, 2016.

 

La mode émet 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année. Source : Ellen MacArthur Foundation, A New textiles economy. Redesigning fashion's future outlines, 2016 et Circular Fibres Initiatives Analysis, 2016.

 

Son impact est plus important que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. Source : International Energy Agency, Energy Climate Change and Environment, 2016.

 

Pour fabriquer un tee-shirt, il faut l'équivalent de 70 douches. Et pour produire un jean, c'est 285 douches. Respectivement 2 700 et entre 7 000 et 11 000 litres d'eau. Source : Fashion Revolution, 2017.

 

Lors de l'entretien de nos vêtements synthétiques en machine, on estime que 500 000 tonnes de micro particules de plastiques sont relâchées chaque année dans l'océan soit l'équivalent de plus de 50 milliards de bouteilles en plastique. Source : Ellen MacArthur Foundation, A New textiles economy. Redesigning fashion's future outlines, 2016.

 

En moyenne une personne achète 60 % de vêtements en plus qu'il y a 15 ans et les conserve moitié moins longtemps. McKinsey and compagny, Style that suitable : A new fast fashion formula, Nathalie Remy, Eveline Speelman and Steven Swartz, 2016.

 

Aujourd'hui, moins de 1 % des tissus qui composent nos vêtements sont recyclés pour en faire de nouveaux. Fast Fashion is creating an environnemental crisis, Newsweek, 2016.

 

4 % de l'eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire nos vêtements. Source : Ellen MacArthur Foundation, A New textiles economy. Redesigning fashion's future outlines, 2016 et Circular Fibres Initiatives Analysis, 2016.

 

Depuis des temps lointains, nous portons des vêtements pour nous protéger du froid ou de la chaleur. Au cours du XIVème siècle, avec la multiplication des échanges commerciaux, le vêtement s'embellit. Il a depuis pris une grande importance dans nos vies.

 

Aujourd'hui, de grandes chaînes internationales proposent à des prix attractifs des vêtements issus des dernières tendances. Leur fabrication comprend de nombreuses étapes et procédés qui nuisent parfois à l'environnement et aux personnes qui les fabriquent et les portent.

 

L'industrie textile compte parmi les plus polluantes au monde. Pour fabriquer un jean, par exemple, on utilise du coton cultivé en Inde ou en Afrique générant de nombreux impacts environnementaux et sociaux, teint dans un autre pays, renvoyé en Asie pour la confection afin d'être finalement vendu en France et partout dans le monde! Il peut ainsi faire le tour de la planète! Dans chacun de ces pays, à chacune des étapes de son cycle de vie, ce vêtement a de lourdes conséquences environnementales et sociales.

 

Découvrez dans ce livret le revers de votre look. Comprenez comment mieux choisir vos vêtements et accessoires (chaussures, sacs). Achetez des vêtements en coton biologique, des produits labellisés (Écolabel européen, GOTS ou OEKO-TEX), préférez les marques engagées ou les vêtements "seconde main". Découvrez comment agir lors de leur entretien. Pensez à les réparer, les transformer et les recycler lorsqu'ils sont usés.

 

C'est à nous tous d'agir pour limiter les impacts de la mode sur la planète !

 

II. Le cycle de vie des produits textiles.

 

Le cycle de vie des produits textiles, qu'ils soient d'origine animale ou végétale, traverse une succession d'étapes, présentant chacune des impacts et enjeux environnementaux importants.

 

Les principaux impacts environnementaux :

- épuisement des ressources en eau,

- pollution de l'eau,

- pollution des sols,

- émission de Gaz à Effet de Serre (GES),

- dégradation des écosystèmes et de la biodiversité,

- consommation d'énergie due aux transports.

 

Description du cycle de vie :

- 1. Matière première issue de l'élevage, de l'agriculture ou de matière synthétique,

- 2.1. Transport vers séparation des fibres (élevage et agriculture),

- 2.2. Transport vers la synthèse des fibres (synthétique),

- 3. Transport vers filature,

- 4. Transport vers tissage, tricotage,

- 5. Transport vers ennoblissement,

- 6. Transport vers confection,

- 7. Transport vers distribution,

- 8. Transport vers entretien,

- 9. Fin de vie,

- 10. Transport vers déchets, recyclage ou don/réutilisation,

- 11. Si recyclage, le cycle recommence à partir de l'étape de filature.

 

Et que se passe-t-il à chaque étape ?

 

Élevage et agriculture :

- utilisation de produits chimiques,

- consommation et pollution de l'eau,

- consommation d'énergie et émissions de CO2,

- enjeux sanitaires, santé,

- enjeux sociaux.

 

Séparation des fibres :

- utilisation de produits chimiques,

- consommation et pollution de l'eau,

- consommation d'énergie et émissions de CO2.

 

Matières synthétiques : consommation d'énergie et émissions de CO2.

 

Synthèse des fibres :

- utilisation de produits chimiques,

- consommation et pollution de l'eau,

- consommation d'énergie et émissions de CO2.

 

Filature :

- utilisation de produits chimiques,

- consommation et pollution de l'eau,

- consommation d'énergie et émissions de CO2,

- enjeux sanitaires, santé,

- enjeux sociaux.

 

Tissage, tricotage : consommation d'énergie et émissions de CO2.

 

Ennoblissement :

- utilisation de produits chimiques,

- consommation et pollution de l'eau,

- enjeux sanitaires, santé.

 

Confection :

- consommation d'énergie et émissions de CO2,

- enjeux sociaux,

- déchets.

 

Distribution :

- déchets,

- consommation d'énergie et émissions de CO2.

 

Entretien :

- utilisation de produits chimiques,

- consommation et pollution de l'eau,

- consommation d'énergie et émissions de CO2.

 

Fin de vie : déchets.

 

Déchets :

- enjeux sanitaires, santé,

- seul les textiles et chaussures humides ou tachés avec des produits chimiques ou de la peinture doivent être jetés, les autres pourront être recyclés !

 

Don, réutilisation : enjeux sociaux.

 

III. Les matières premières.

 

Pour faire un vêtement, une paire de chaussures, un sac, il faut de la matière première. Pour obtenir cette matière, on élève des animaux (matières animales), on cultive des plantes (matières naturelles) ou on la fabrique grâce à différents procédés chimiques (matières synthétiques, artificielles). Il existe aussi des matières premières secondaires, ce sont les matières recyclées. Elles peuvent être produites par procédés mécaniques ou chimiques. Produire la matière est le premier maillon de la chaîne de fabrication.

 

Les matières premières les plus employées :

- 63 % matières chimiques,

- 26 % de coton,

- 11 % de laine, soie, lin, etc.

Source : Circular Fibres Initiatives Analysis, 2016.

 

Matières premières utilisées dans l'industrie du textile.

 

Exemple de matières naturelles.

 

Matières naturelles animales :

- peau (cuir) : le cuir de vache, de mouton, d'agneau, de porc, etc,

- poils (laine) : la laine de mouton, de lapin, de yak, d'alpaga, de chameau, etc,

- sécrétions (soie) : les vers de bombyx de mûrier produisent de la soie avec leur bave pour fabriquer leur cocon. Ce fil de soie peut mesurer entre 300 et 1 500 m.

 

Matières naturelles végétales :

- graines : le coton,

- feuilles : le rafia,

- tiges : le lin. Les fibres sont présentes dans la tige,

- sève : le latex naturel. La sève se récolte par saignées sur l'écorce du tronc de l'hévéa. On fabrique ainsi des feuilles de caoutchouc utilisées par exemple pour fabriquer des semelles en latex naturel.

 

Exemple de matières chimiques.

 

Synthétiques : une matière synthétique est obtenue par synthèse de composés chimiques issus du pétrole (acrylique, élasthanne, lycra, etc.).

 

Artificielles : une matière artificielle est obtenue par synthèse chimique à partir d'un élément naturel comme la cellulose de bois (bambou, viscose, Tencel). On peut également faire des tissus à partir de lait, de carapace de crabe, de soja, etc.

 

IV. Les matières animales.

 

Nos vêtements peuvent être fabriqués à partir de matières animales provenant des moutons, chèvres, alpagas, mérinos pour la laine, vaches pour le cuir, bombyx du mûrier pour la soie, lapins ou visons pour la fourrure. Quels sont les impacts de ces matières et comment peut-on les réduire ?

 

Problèmes.

 

Les animaux élevés pour l'industrie du textile, du cuir et de la fourrure vivent le plus souvent dans des conditions difficiles, dans de petits espaces, sous-alimentés et parfois maltraités.

 

On élève parfois des moutons dans des pays trop chauds pour leur peau. Cela peut provoquer des infections douloureuses.

 

On utilise souvent du chrome et des produits chimiques pour tanner le cuir, substances toxiques que l'on retrouve, via les rejets des eaux usées non traitées, dans les rivières. Ces produits chimiques intoxiquent les êtres humains ainsi que la faune et la flore des rivières.

 

La rivière Buriganda au Bangladesh est devenue l'une des plus toxiques à cause des produits employés dans les tanneries alentour.

 

Solutions.

 

Privilégier les chaussures portant l'Écolabel européen ou fabriquées en matières recyclées.

 

Préférer les fourrures recyclées ou synthétiques.

 

Pour la fourrure, certains élevages s'engagent. Ils élèvent les animaux dans un environnement adapté et sans mauvais traitements (privilégier par exemple le logo, O A, : Origin Assured).

 

Essayer les marques engagées. De nombreux blogs de mode responsable vous renseignent.

 

V. Les matières végétales.

 

Le coton, le lin, le caoutchouc sont des matières naturelles issues de végétaux. On utilise la fleur pour tisser le coton, les tiges pour le lin, la sève pour le caoutchouc.

 

Problèmes.

 

Un quart de la production mondiale des fibres textiles provient du coton. Sa culture nécessite beaucoup d'eau, de soleil et de pesticides.

 

Cela entraîne une pollution agricole et un risque pour la santé des cultivateurs.

 

L'eau est une ressource rare dans certains pays. Lorsque la pluie n'est pas suffisante, on détourne l'eau des rivières, des lacs et des nappes phréatiques pour qu'elle irrigue les champs.

 

En 2005, la mer d'Aral a perdu, à cause de cette pratique, les trois-quarts de sa surface, ce qui a rendu l'eau plus salée et tué la plupart des formes de vie présentes.

 

Solutions.

 

Depuis 2006, la mer d'Aral est protégée afin de préserver les espaces et les pêcheurs. Une digue a été construite permettant à une partie de la mer de se reformer.

 

Privilégier les vêtements en coton biologique, ou avec des logos environnementaux. L'Écolabel européen garantit 95 % de coton biologique pour les vêtements des enfants de moins de 3 ans.

 

Privilégier les fibres recyclées. Le coton peut être issu du recyclage de jeans usagés par exemple.

 

Privilégier les fibres dont la culture est moins gourmande en eau et en pesticides comme le lin, le chanvre. Le lin a l'avantage de ne pas nécessiter beaucoup d'eau et d'engrais pour pousser. La France est le premier producteur mondial de lin.

 

Privilégier les vêtements en coton biologique affichant les logos :

- équitable Écocert, contrôlé par Écocert,

- bioRe,

- demeter, agriculture biodynamique,

- GOTS (Global Organic Textile Standard).

 

Attention ! Un nouveau label très utilisé par les industriels est apparu récemment : Better Cotton Initiative. Ce label est facile à obtenir et est moins exigeant que les autres labels présentés sur cette page. Il ne signifie pas que votre vêtement est en coton biologique.

 

VI. Les matières synthétiques.

 

Pour fabriquer nos vêtements nous pouvons utiliser des matières synthétiques comme le nylon, le polyester, l'élasthanne qui sont produites à partir de pétrole. La viscose ou le lyocell sont des fibres artificielles obtenues à partir de ressources naturelles comme la cellulose de bois (bambou, eucalyptus, hêtre...), le soja ou le maïs, en utilisant des procédés chimiques. Les fibres synthétiques peuvent parfois provenir du recyclage de bouteilles en plastique qui sont utilisées dans la fabrication des textiles dits polaires.

 

Problèmes.

 

Aujourd'hui, 70 % des fibres synthétiques produites dans le monde proviennent du pétrole.

 

La production de bois, qui permet de créer des fibres artificielles, impacte la biodiversité. En effet, en ne cultivant qu'une seule espèce, celle-ci puise toujours les mêmes nutriments dans le sol et l'épuise.

 

Solutions.

 

Économiser les ressources en choisissant des tissus comme la polaire issue du recyclage des polyesters et des bouteilles en plastique.

 

Privilégier :

- les matières provenant de ressources naturelles,

- les matières synthétiques qui contiennent du polyester recyclé,

- les vêtements portant l'Écolabel européen.

 

VII. La filature et le tissage.

 

La transformation du fil en tissu utilise de nombreux produits chimiques (graisse, cire, huile d'ensimage), puces (particules végétales sur la fibre de coton), encollage, etc. Chacun de ces produits a des impacts sur l'environnement.

 

Problèmes.

 

Les fabricants enduisent les fils de graisse ou de cire pour qu'ils soient plus résistants. Ainsi ils se cassent moins dans les machines industrielles. Après le tissage, le tissu est lavé pour être débarrassé de ces produits. Cette étape est très polluante car elle rejette dans les eaux usées des substances toxiques.

 

Cela détruit les écosystèmes en particulier quand l'eau n'est pas traitée avant d'être rejetée dans la nature. Elle peut ainsi nuire à la biodiversité et à la santé des êtres humains.

 

Solutions.

 

Acheter des vêtements avec l'Écolabel européen ou un autre logo environnemental. Pour être labellisés les industriels s'engagent à limiter l'usage de produits toxiques et allergènes, ainsi qu'à réduire le plus possible leurs impacts sur l'environnement et la santé humaine.

 

Préserver les savoir-faire artisanaux et le fait-main pour protéger l'environnement et le travail de très nombreux artisans à travers le monde.

 

Privilégier les logos :

- bioRe,

- Fairtrade Max Havellar,

- demeter, agriculture biodynamique,

- EU Écolabel, ecolabel.eu,

- Équitable Écocert, contrôlé par Écocert,

- GOTS : Global Organic Textile Standards,

- Nordic Ecolabel.

 

VIII. Les traitements spéciaux.

 

Aspect vieilli, plus blanc que blanc, brillant, coloré, avec des motifs... On appelle cela l'ennoblissement textile, qui transforme l'apparence et les propriétés d'un tissu via des traitements chimiques ou mécaniques. Ce procédé a aussi des impacts sur l'environnement et la santé des travailleurs.

 

Problèmes.

 

Un des procédés permettant de délaver le jean est le sablage. Du sable est pulvérisé à haute pression à l'aide de canons. Les ouvriers qui font ce travail sont exposés à la poussière de silice qui s'introduit dans leur organisme par les oreilles, le nez et la bouche. Ils peuvent développer une maladie appelée la silicose (affection pulmonaire incurable) susceptible d'évoluer en cancer.

 

Un autre procédé pour donner au jean une teinte délavée est de le frotter avec des pierres. Tous ces procédés consomment une grande quantité d'eau, d'énergie et sont extrêmement néfastes pour la santé des ouvriers.

 

Solutions.

 

Aujourd'hui d'autres techniques sont pratiquées comme le délavage à l'ozone, à la lumière ou par des lasers.

 

Les usines européennes sont obligées de retraiter l'eau et d'utiliser des produits chimiques moins nocifs pour les êtres humains et pour l'environnement.

 

L'Écolabel européen interdit le recours au sablage manuel ou mécanique pour obtenir un aspect usé.

 

Préférer les jeans bruts non délavés.

 

Se renseigner sur les procédés de fabrication des vêtements. Comment ? En consultant les sites internet des marques et en questionnant les vendeurs.

 

Préférer les jeans bruts non délavés, non vieillis et non troués.

 

IX. La teinture.

 

La teinture a pour but de donner à une fibre ou à un tissu un coloris précis, différent de sa couleur naturelle. Toutes les fibres ou les tissus sont d'abord blanchis avant de recevoir leur coloris définitif. Cela entraîne des impacts supplémentaires.

 

Problèmes.

 

La rivière Li à Xiantang, appelée auparavant "Perle de la Chine", est désormais toxique, polluée par le plomb et le mercure utilisés pour la teinture des jeans et rejetés lors du lavage. On ne peut plus boire l'eau de la rivière, ni pêcher.

 

Depuis le XIXème siècle, la mise au point de l'eau de javel a permis de gagner du temps pour les opérations de blanchiment. Mais elle libère du chlore qui se combine avec des molécules organiques contenues dans les sols, l'eau et l'air.

 

Dans l'eau, le chlore est insoluble et peu biodégradable. Absorbé par les plantes, puis par les animaux, il se retrouve dans la chaîne alimentaire et arrive jusqu'aux êtres humains.

 

C'est aussi vrai pour tous les produits chimiques et colorants utilisés lors de l'étape de teinture (métaux lourds dans les pigments, solvants chlorés, acides...).

 

Solutions.

 

Penser à laver les vêtements avant de les porter pour la première fois. Les produits chimiques restent présents sur les tissus teints. Si les vêtements ne sont pas lavés, ils peuvent entrer en contact avec la peau et déclencher des allergies. En choisissant l'Écolabel européen vous êtes certain que les substances dangereuses utilisées pour teindre ne sont plus présentes sur le textile au moment de la vente.

 

Préférer les vêtements non teints : il existe des variétés de coton naturellement coloré (ocre, vert pâle, écru, brun, etc.).

 

Essayer de choisir des vêtements teints à partir de végétaux.

 

Préférer les couleurs naturelles, les vêtements et sacs teints à partir de végétaux.

 

X. La confection.

 

Une fois le tissu prêt, il va être coupé et cousu pour devenir un vêtement prêt à être porté. Très souvent, les vêtements sont confectionnés dans les pays où les conditions de travail sont très dures car la réglementation est peu contraignante et peu protectrice pour les ouvriers. Les salaires y sont aussi moins élevés.

 

Problèmes.

 

La fabrication des vêtements exige le travail de nombreuses personnes, car les machines ne remplacent pas la précision et le savoir-faire humain. La mondialisation de l'industrie textile met en concurrence les entreprises qui cherchent à produire à moindre coût. Les conditions de travail des ouvriers textiles sont donc souvent très dures. De même, ils travaillent souvent sans protection sociale ni syndicale avec des salaires en dessous des minima vitaux. On parle d'usine de la sueur (sweatshop).

 

Solutions.

 

S'engager en achetant des vêtements qui portent un logo. Par exemple Max Havelaar qui prône le respect du commerce équitable ou l'Écolabel européen qui inclut aussi des critères sur la juste rémunération, la sécurité des travailleurs et le non travail des enfants.

 

Suivre le mouvement international Fashion Revolution (fashionrevolution.org) en interrogeant ses marques préférées : qui a fait le vêtement ? Comment ? Dans quelles conditions ?

 

Consulter le site du collectif l'Éthique sur l'étiquette qui a contribué aux négociations de la loi relative au devoir de vigilance des entreprises et qui défend des salaires vitaux pour les ouvriers textiles (ethique-sur-etiquette.org).

 

S'informer sur les conventions de l'OIT, définissant les normes internationales du travail, la lutte contre les inégalités, le travail forcé et le respect d'un âge minimum d'admission à l'emploi.

 

Acheter en se préoccupant du respect des droits humains et des conditions de travail dans le monde.

 

XI. Le transport des vêtements.

 

Parce que les vêtements, sacs et chaussures sont souvent fabriqués à l'autre bout du monde afin de livrer les boutiques rapidement et de suivre le rythme effréné des changements de collections, le transport doit être régulier et rapide.

 

Problèmes.

 

Certains pays d'Asie se spécialisent dans la fabrication de textiles et d'habillement à des prix très compétitifs.

 

Pour les distributeurs et les marques, il devient moins cher de payer du carburant pour transporter les vêtements que de les faire fabriquer en Europe.

 

Parce qu'il est le plus rapide, l'avion est souvent le moyen de transport le plus utilisé mais il est aussi émetteur de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique.

 

Solutions.

 

Lire les étiquettes pour connaître les pays où sont fabriqués les vêtements. Sachez toutefois que l'indication du pays ne peut concerner que la dernière étape de fabrication.

 

Il existe des vêtements labellisés France Terre Textile et des labels comme Origine France Garantie pour promouvoir le Made in France.

 

Acheter des vêtements de seconde main aux associations présentes autour de chez vous ou dans les vide-greniers de votre quartier.

 

Acquérir des vêtements directement à des créateurs locaux.

 

Lire les étiquettes pour savoir où est fabriqué son vêtement.

 

Préférer des vêtements et accessoires de seconde main.

 

XII. L'entretien des vêtements.

 

La moitié des impacts sur l'environnement sont dus à l'entretien de nos vêtements. C'est là que nous pouvons agir !

 

Problèmes.

 

Nous consommons beaucoup d'énergie pour laver, sécher, repasser nos vêtements.

 

Le lavage des vêtements en matières synthétiques comme le nylon, le polyester, l'acrylique ou l'élasthanne, libère des micro-particules de plastique dans les eaux usées. Ces microparticules ne sont pas dégradées dans les stations d'épuration et finissent dans les océans. C'est la principale source de pollution des océans devant les sacs plastiques.

 

Les lessives peuvent être très polluantes quand elles contiennent des parfums et des substances peu biodégradables comme les tensio-actifs. Les parfums des lessives et adoucissants peuvent être très allergènes pour les êtres humains au contact du vêtement avec la peau.

 

Solutions.

 

Laver à 30°C ou 40°C permet de faire des économies d'énergie.

 

Utiliser des lessives avec l'Écolabel européen et éviter les lessives et adoucissants fortement parfumés.

 

Éviter le nettoyage à sec, très polluant.

 

Laver moins, un vêtement porté un jour n'est pas sale.

 

Sécher le linge à l'air libre dès que c'est possible.

 

Réparer les vêtements si c'est possible.

 

Laver moins, à basse température et avec une lessive EU Écolabel. Réparer.

 

XIII. Le recyclage des vêtements.

 

Chaque Français achète en moyenne 9,2 kg de textiles et de chaussures par an. 3,2 kg seulement sont actuellement collectés et triés pour être réutilisés et recyclés. C'est très peu.

 

Problèmes.

 

Nos habitudes de consommation nous poussent à renouveler rapidement notre vestiaire. Certains d'entre nous ne portent leurs vêtements qu'une dizaine de fois avant de s'en débarrasser. Cela entraîne un volume de déchets textiles de plus en plus important qu'il faut traiter d'une manière ou d'une autre : 2,1 milliards de tonnes de déchets textiles sont produits dans le monde.

Source : W W F, 2017.

 

Solutions.

 

Réutiliser : pensez aux vêtements de seconde main! Prenez soin de vos vêtements, réparez-les pour qu'ils durent plus longtemps. Échangez avec vos amis, achetez dans les friperies, les vide-greniers, etc. Cela permet de réduire l'utilisation de matières premières et l'impact sur les ressources limitées de la planète. Aujourd'hui il est même possible de s'abonner à des offres de location de vêtements.

 

Recycler : pensez à trier tous vos textiles et chaussures même usés ou abîmés car ils peuvent avoir une deuxième vie! Il suffit de les rapporter dans un point d'apport volontaire prévu à cet effet: locaux d'associations, conteneurs, boutiques, etc. Ils doivent être propres et secs, les chaussures liées par paire dans un sac fermé (les textiles et chaussures humides ou tachés avec des produits chimiques ou de la peinture doivent être jetés, les autres pourront être recyclés). Ils peuvent ainsi servir de matières premières pour de nouveaux vêtements ou accessoires. Ainsi la boucle est bouclée. On parle d'économie circulaire.

 

Trouver les points de collecte les plus proches de chez vous sur lafibredutri.fr

 

J'ai la fibre du Tri (textile, linge, chaussure, Eco TLC).

 

XIV. Alors, c'est quoi le look idéal ?

 

Toutes les étapes de la confection d'un vêtement ont des répercussions sur l'environnement, les êtres humains et l'économie à travers le monde. Il en est de même pour tous nos objets de consommation.

 

Nous pouvons choisir des vêtements avec des logos environnementaux, favoriser ceux en coton biologique ou issus du commerce équitable, les laver moins souvent en utilisant des produits de lavage moins polluants. Ce n'est pas facile, cela demande des efforts comme de se renseigner et de s'aventurer hors des sentiers battus pour fuir la fast fashion.

 

La mode éthique se développe et de nombreux blogs nous informent sur les marques responsables. Via les réseaux sociaux, faisons circuler l'information, faisons entendre notre point de vue, posons des questions à nos marques préférées et interrogeons-nous chaque, 24 avril, avec la Fashion Revolution : qui a fait notre vêtement ? Comment ? Dans quelles conditions ?

 

Le 24 avril 2013, le Rana Plaza, usine textile à Dacca (Bangladesh) s'effondre. Le bilan est de 1 134 morts et 2 500 blessés.

 

Aujourd'hui nous devons chérir et porter nos vêtements plus longtemps, exiger qu'ils soient fabriqués pour durer, demander aux marques de s'assurer que les textiles de nos vêtements contiennent moins de substances dangereuses et soient recyclables. Nous devons favoriser la réutilisation via des achats en friperies, dans des vide-greniers, etc.

 

Mobilisons-nous pour que nos vêtements et chaussures soient réalisés dans de bonnes conditions pour les travailleurs.

 

Au quotidien nous pouvons tous agir pour réduire au maximum l'impact de notre look sur l'environnement. Par des gestes simples nous avons le pouvoir de changer les choses !

 

XV. Lexique.

 

L'ACV (Analyse du Cycle de Vie).

 

Outil qui évalue de manière globale et multicritères les impacts environnementaux et sanitaires de la fabrication d'un produit ou service (méthode normalisée iso 14040 et iso 14044). Toutes les étapes du cycle de vie d'un produit sont prises en compte : extraction ou production des matières premières, distribution, utilisation, collecte et élimination vers les filières de fin de vie, ainsi que toutes les phases de transport.

 

L'agriculture biologique.

 

Méthode de production agricole basée sur le respect du vivant et des cycles naturels : pas d'engrais chimiques ni de pesticides, pas d'organismes génétiquement modifiés, rotation des cultures et utilisation éventuelle d'engrais naturels comme le purin et le compostage.

 

La biodégradation.

 

Décomposition de matières organiques par des micro-organismes comme les bactéries, les champignons ou les algues. Une substance est dite biodégradable si elle peut se décomposer en éléments divers dépourvus d'effets dommageables pour le milieu naturel.

 

La biodiversité.

 

Désigne la diversité des organismes vivants (écosystèmes, espèces, populations...). La pollution des fleuves, des rivières et des sols causée par certaines étapes de production du vêtement (apprêts, ennoblissement, entretien...) peut impacter la biodiversité et faire disparaître des espèces animales et végétales.

 

Les conditions de travail.

 

Ensemble de paramètres qui influent sur le bien-être du salarié. Les conditions de travail ne comportent pas uniquement des aspects matériels : la vie relationnelle dans l'entreprise, l'aménagement du temps de travail, l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, la gestion du stress y participent tout autant. Dans certains pays, les conditions de travail peuvent être dangereuses (confère sweatshop, les usines de la sueur) avec des salaires de misère et des droits fondamentaux bafoués.

 

Le commerce équitable.

 

Consiste à utiliser le commerce comme un levier de développement et de réduction des inégalités, en veillant à la juste rétribution des producteurs.

 

Le développement durable.

 

Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins.

 

L'eau.

 

Présente en abondance sur la planète bleue, elle est indispensable à notre survie. Pourtant moins de 1% est consommable car le reste est salé ou gelé. La préservation de la qualité des réserves d'eau potable et l'accessibilité à l'eau pour tous est un des grands défis du XXIème siècle.

 

Un écosystème.

 

Désigne l'ensemble formé par une association ou communauté d'êtres vivants et son environnement biologique, géologique... Les éléments constituant un écosystème développent un réseau d'échanges d'énergie et de matière permettant le maintien et le développement de la vie.

 

L'ennoblissement textile.

 

Étape qui consiste à prendre un textile (sous forme de fibre, de fils, de tissu, de tricot, etc.) et lui apporter ses caractéristiques finales et définitives. Le processus d'ennoblissement peut comprendre :

- le lavage, le blanchiment,

- la teinture,

- l'impression,

- l'apprêt.

 

L'OIT (Organisation Internationale du Travail).

 

Réunit des représentants des gouvernements, employeurs et travailleurs de 187 États membres pour établir des normes internationales, élaborer des politiques et concevoir des programmes visant à promouvoir un travail décent pour tous les hommes et femmes dans le monde.

 

L'impact environnemental.

 

Désigne l'ensemble des modifications qualitatives, quantitatives et fonctionnelles de l'environnement. Concernant l'industrie textile, il se mesure en termes de pollution de l'eau, de l'air, des sols et d'émissions de gaz à effet de serre.

 

La mode éthique, responsable.

 

Associe des créateurs qui cherchent à diminuer l'empreinte écologique de leur production en utilisant des matières issues de l'agriculture biologique ou recyclées, et des procédés de fabrication moins consommateurs d'eau, d'énergie et de transports, dans le respect des travailleurs.

 

Le réchauffement de la planète.

 

L'effet de serre est un phénomène naturel et utile car il a permis les conditions idéales au développement de la vie sur notre planète. Mais en brûlant des énergies fossiles, non renouvelables comme le pétrole, les êtres humains rejettent du CO2 en grande quantité et augmentent le processus de concentration des gaz dans l'atmosphère, ce qui perturbe le climat mondial (sécheresse, fortes pluies...).

 

Les pesticides.

 

Substances chimiques utilisées pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles. C'est un terme générique qui rassemble les insecticides, les fongicides, les herbicides, les parasiticides. Ils s'attaquent respectivement aux insectes ravageurs, aux champignons, aux "mauvaises herbes" et aux vers parasites.

 

Le salaire vital.

 

Doit permettre la satisfaction des besoins fondamentaux du travailleur et de sa famille : loyer, énergie, alimentation, eau potable, habillement, santé, protection sociale, éducation, transports, épargne...

 

XVI. Logos de confiance.

 

1. L'Écolabel européen (produits textiles).

 

Pour les vêtements et le linge de maison ce logo signifie que le textile ainsi produit est composé de fibres durables et de haute qualité, que les procédés de fabrication sont moins polluants, que l'utilisation de certaines substances dangereuses pour la santé humaine a été limitée ou interdite et que le textile respecte des critères sur les conditions de travail.

 

Pour les chaussures ce logo signifie que les chaussures contiennent moins de substances dangereuses pour la santé humaine. Lors de la fabrication, la consommation d'eau, d'énergie et la pollution de l'air ont été limitées.

 

L'Écolabel européen garantit :

- une fibre plus durable,

- des procédés de production moins polluants,

- une durabilité du vêtement et des chaussures testées,

- un usage de substances dangereuses limité,

- les produits sont certifiés par un organisme indépendant qui garantit sa conformité.

 

ecolabel.eu

 

2. Demeter (agriculture biodynamique).

 

Ce logo signifie que le textile utilisé (laine, lin, coton, soie...) est issu de l'agriculture biologique ou biodynamique, les substances dangereuses et procédés chimiques lors de la fabrication ont été limités.

 

demeter.fr

 

3. Écolabel Nordic.

 

Aussi appelé aussi Nordic Swan, il concerne le textile, la fourrure et le cuir. Ce logo signifie que les procédés de fabrication sont moins polluants, que la consommation d'eau, d'énergie et que la pollution de l'air lors de la fabrication ont été limitées.

 

L'utilisation de certaines substances dangereuses pour la santé humaine a été limitée ou interdite.

 

Ce logo intègre aussi des critères sur les conditions de travail et le bien-être des animaux.

 

nordic-ecolabel.org

 

4. Fairtrade Max Havelaar.

 

Ce logo signifie que la fibre est issue du commerce équitable. L'utilisation des pesticides chimiques est limitée, les OGM sont interdits.

 

maxhavelaarfrance.org

 

5. Écocert ESR et Écocert-Textile.

 

Écocert ESR signifie que le coton utilisé est issu de l'agriculture biologique, du commerce équitable (échanges Nord-Sud et Nord-Nord, salaires vitaux).

 

Écocert-Textile signifie que l'utilisation de certaines substances dangereuses pour la santé humaine a été limitée ou interdite. Lors de la fabrication, la consommation d'énergie et la pollution de l'eau ont été limitées. Ce logo intègre aussi des critères sur les conditions de travail.

 

ecocert.com

 

6. Bioré.

 

Ce logo signifie que le coton utilisé est issu de l'agriculture biologique. Certaines substances dangereuses pour la santé humaine ont été limitées ou interdites. Ce logo intègre aussi des critères sur les conditions de travail.

 

remei.ch

 

7. GOTS : Global Organic Textile Standards.

 

Ce logo signifie que les textiles utilisés sont issus de l'agriculture biologique ou biodynamique. Les procédés de fabrication sont moins polluants, l'utilisation de certaines substances dangereuses pour la santé humaine a été limitée.

 

global-standard.org

 

8. OEKO-TEX Standard 100.

 

Ce logo vise à garantir les qualités humano-écologiques des textiles : exempt de produits toxiques pour le corps et pour l'environnement.

 

Il a été créé par une association indépendante allemande. En France, ce label est nommé Confiance Textile.

 

oeko-tex.com

 

XVII. Liens utiles.

 

ADEME : mtaterre.fr et ademe poin fr

 

Changer la Mode pour le Climat : changerlamodepourleclimat.fr

 

Éthique sur l'étiquette : ethique-sur-etiquette.org

 

Éco TLC : ecotlc.fr

 

Ellen MacArthur Foundation : ellenmacarthurfoundation.org

 

Emmaüs Alternatives : emmaus-alternatives.org

 

Fashion Revolution France : fashionrevolution.org

 

La Fibre du Tri : lafibredutri.fr

 

Organisation internationale du Travail : ilo.org

 

Parley For The Oceans : parley.tv

 

River Blue (film) : riverbluethemovie.eco

 

The True Cost (film) : truecostmovie.com

 

Universal Love : universallove.fr

 

WWF France : wwf.fr

 

Zero Waste France : zerowastefrance.org

 

XVIII. Mentions légales.

 

Conception et réalisation Universal Love et l'ADEME et avec le soutien d'Éco TLC.

Rédaction Isabelle Quéhé (universallove.fr), Hélène Sarfati Leduc (lefrenchbureau.fr), Sophie Grand Mourcel (Pour Mémoire), l'ADEME.

 

Merci à Nathalie Ruelle (IFM) et Adèle Rinck (Éco TLC).

 

Design graphique Solide (maison-solide.fr).

 

Illustrations Pablo Grand Mourcel (pablograndmourcel.com).

 

Impression Imprimerie Chirat, Saint-Just-la-Pendue, France.

 

Papier Cocoon Offset 100 g/m2, 100 % recyclé, labellisé Écolabel.

 

Conception et fabrication audio : Handicapzéro.